Projet de loi du pays relative aux principes directeurs de la politique énergétique de la Polynésie française.
Séance du 29 novembre 2012
Mme Eleanor PARKER
Monsieur le Président de la Polynésie française
Monsieur le Président de l’assemblée de la Polynésie française
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le ministre de l’économie,
Mesdames et messieurs,
Le groupe TE MANA O TE MAU MOTU s’est exprimé la semaine dernière pour remettre la population au centre du débat sur la politique énergétique de notre Pays.
Ce n’est pas la politique de tel gouvernement ou de tel autre. Elle ne doit pas se définir comme l’arme d’un affrontement de personnes. Dans le monde d’aujourd’hui elle se définit comme l’expression d’une aspiration partagée à défaut de quoi elle est vouée à l’échec.
Les seuls objectifs que l’on discerne réellement et distinctement dans ces projets de textes c’est premièrement la volonté d’augmenter la part des énergies renouvelables et celle également d’en découdre avec l’EDT.
Je ne suis pas acoquinée avec l’EDT et pour dire vrai je suis plutôt remontée par les pressions à peine voilée de certaines personnes. Ces gens se croient tout permis dans le seul but de préserver leurs avantages. Ils oublient qu’ils sont en charge d’un service public. Aujourd’hui le groupe EDT se présente en victime. Mais la population n’est pas dupe. Comme le rapport Bolliet le préconisait, je propose un contrôle plus ténu de cette concession de service public notamment par le recours à des autorités techniques indépendantes.
Mais tout de même, nous devons dans l’intérêt général nous situer au-dessus de tout cela et nous concentrer avant tout sur ce que nous voulons comme énergie et comment en disposer.
Ce texte doit donner un élan, une énergie, si je puis me permettre….Or là ce que l’on constate c’est que la population est totalement mise à l’écart. On ne sait pas ce qu’elle pense ? Il n’y aucun élan populaire qui permet de porter un projet soit dit en passant très ambitieux en période pré-électorale.
Par ailleurs, dans le même temps on ne connaît pas les objectifs quantitatifs fixés par le Gouvernement et la manière de les atteindre. On ne sait pas quelle part pourrait prendre l’énergie solaire, les éoliennes, les barrages hydroélectrique, l’énergie thermique des mers... On ne connait pas les objectifs précis du Gouvernement qui tiendraient compte de l’éparpillement de nos îles, de leurs spécificités géographiques, de leur taille en population. Hors dans ces conditions la réforme de la politique énergétique porte en ses gênes l’origine de son échec annoncé.
Un exemple : L’énergie hydro-électrique est considérée comme une source d’énergie propre. Peut-on s’en passer dans le cadre de l’objectif de 50% d’énergies renouvelable ? Si la réponse est négative, il faut alors connaitre les sites ou un barrage pourrait être érigé. Il faudrait modifier l’environnement des riverains et du même coup être assuré de remporter une large adhésion de cette population qui sur le papier est peut être très favorable aux énergies renouvelables et à la notion d’intérêt général mais qui en réalité ne veut pas que tout cela perturbe ou pollue son espace de vie et confort personnel. C’est le phénomène « NIMBY » qui pour faire simple veut dire « tout ce que tu veux mais pas chez moi, pas dans mon arrière court ».
Ce sont ces personnes opposées à la construction de la prison de Papearii alors même que certains d’entre eux ont un membre de leur famille à Nuutania et qu’ils savent que les conditions de survie y sont insupportables. Ce sont ceux qui veulent une plus grande concurrence et meilleur réseau de téléphonie mobile pourvu que les antennes ne viennent pas boucher la vue sur le lagon.
Ce type de projet est typiquement de nature à attirer de telles réactions et donc à retarder le projet ou même de l’annuler purement et simplement.
Bref, on ne voit pas bien comment cet objectif de 50% d’énergies renouvelables peut être atteint. Certains Pays sont en mesure d’indiquer si ils sont en avance ou en retard sur leur transition énergétique tout simplement car ils savent par exemple combien de panneaux solaires ils veulent construire en un temps donné.
Sur ce point la politique énergétique qui nous est proposée manque singulièrement de perspectives.
Pour toutes ces raisons et pour toutes celles que j’ai indiquées la semaine passée, je confirme mon accord de principe à une telle réforme qui doit néanmoins au préalable passer par un débat public.
Je vous remercie.