Léonie MATAOA: Projet de Loi du Pays portant modification de la réglementation de l'immersion des déchets

Publié le par TEMOTEM

TE MANA O TE MAU MOTU

Projet de Loi du pays portant modification de la réglementation

De l’immersion des déchets, codifiée aux articles D.213-1 et suivants du code de l’Environnement.

 




Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants,
Chers Journalistes, chers Internautes,

 

Depuis l’entrée de la Convention de Londres, en 1975, sur la prévention de la pollution des Mers résultant de l’immersion des déchets, la politique internationale de l’Environnement a fait de grands pas en avant. En dépit d’un protocole très précis, mais pas toujours bien communiqué de part le monde, les réglementations sur l’immersion de certains déchets ne sont pas toujours respectées. Nous sommes un peuple d’îliens, nous sommes d’autant plus concernés par ce sujet.

Lors de la commission qui s’est tenue sur ce projet de Loi de Pays, il a été bien précisé que la situation des îles des Archipels éloignés étaient essentiellement visée par la politique d’immersion des déchets. Monsieur Handerson nous avait alors cité, en exemple, l’immersion de la barge BAHAMAS STAR qui s’était échouée à Raiatea. Bien sûr nous ne pouvons que saluer les efforts concertés et réunis des techniciens et ingénieurs de la SEP et de la direction de l’Environnement, qui visent à faire respecter la réglementation et éviter l’immersion de matières toxiques. Les endroits d’immersion sont certes bien indiqués par le Journal Officiel de la Polynésie française, mais je me pose la question de savoir s’ils sont également connus des parties concernées, s’il y a aussi une véritable politique de contrôle.

A long terme, nous souhaitons engager des infrastructures d’Energie Thermique des Mers, pour permettre, notamment aux îliens éloignés une indépendance de production d’énergie, en matière d’électricité et de climatisation. Ce système requiert d’aller puiser assez profond dans le grand Bleu jusqu’à une température froide. Veillons à ce qu’il y ait un équilibre entre les différents dispositifs écologiques, pour mener à bien la politique de l’Environnement du programme de To Tatou Ai’a.

La Mer est notre ressource propre, elle est l’essence même de nos vies. A cet égard, tout dispositif international impliquant la zone maritime du Pacifique, doit être largement diffusé auprès de nos mairies, des parties concernées mais aussi de la population. Il s’agit d’un code réglementant l’immersion de certains déchets et nous souhaiterions que les populations y soient largement sensibilisées, car nous ne sommes ni ingénieurs, ni techniciens, ni toujours conscients des dangers que peuvent représenter un simple déchet organique.

Si le Code de l’Environnement permet une uniformité internationale, il faut absolument éviter qu’un développement durable à deux vitesses se produise dans notre si beau pays. 

[Je profite de cette tribune pour faire une parenthèse sur la question de la gestion des déchets communs qui nous pose un véritable problème, à nous, habitants des îles éloignées :

Les îles plus petites et plus éloignées sont laissées à elles-mêmes. Trop souvent, c’est le système Débrouille, où certains enterrent leurs propres déchets, d’autres les jettent sur un terrain à cet effet, non loin d’un récif, et les brûlent parfois, sans toujours peser les conséquences environnementales. Le tri des déchets, chez nous, ça n’existe pas, nous n’y avons pas droit : les politiques de recyclages ne nous sont pas accordées et c’est bien dommage.

Nous espérons, Monsieur le Ministre de l’Environnement, que vous porterez une attention particulière à l’île de Manihi, complètement délaissée par les gouvernements successifs. Pour vous donner une image plus précise de la situation des habitants de cette île, il y avait en 1987, non loin d’un lotissement social, une prolifération de rats due à la présence d’un dépotoir à ciel ouvert. Par manque d’hygiène, ce dépotoir a été fermé. Un autre dépotoir a été provisoirement ouvert sur un terrain familial. Ensuite, après une étude de 7 ans et un appel d’offre d’incinérateur qui aurait été installé sur un motu non loin de l’aéroport, ainsi qu’une péréquation des fonds pour aider les administrés à payer moins chers, en 2005 le Pays est revenu sur ces décisions ne pouvant plus participer financièrement à cette action. L’incinérateur étant lui-même contestable d’un point de vue écologique.

Monsieur le Ministre de l’Environnement, faute de moyens, et bien les déchets de l’île de Manihi sont jetés à la mer. Certains habitants brûlent leur pehu chez eux, mais sachez qu’il n’y a pas de caserne de pompiers à Manihi, que feront-ils en cas d’incendie ?

Je referme la parenthèse et j’insiste sur ce décalage qu’il peut y avoir entre de grandes manœuvres politiques à échelle internationale et un délaissement de la situation locale. ]

L’esprit de ce texte est louable et nous reconnaissons les efforts menés par les divers acteurs de l’Environnement et du Développement durable, qui est, rappelons-le, un dispositif récent.

Nous sommes, bien sûr, en faveur de l’adaptation de ce projet de loi de pays, si nous avons l’assurance que des contrôles seront réguliers mais également préventifs : dans l’éloignement, tout peut se faire sans que la loi n’en soit forcément avisée.

            Nous fondons beaucoup d’espoir en votre politique de l’Environnement, Monsieur le Ministre, notamment cet espoir qui visera à intégrer les habitants des Archipels éloignés dans une politique de développement durable uniforme à tout notre pays et non seulement lorsque leur zone océanique peut permettre des points d’immersions réglementés dans un Journal Officiel.

Je vous remercie de votre attention.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article