Sur le projet de loi autorisant la ratification de l'accord international de 2006 sur les Bois Tropicaux
TE MANA O TE MAU MOTU
Benoit KAUTAI
Demande d’avis sur le projet de loi autorisant la ratification de l’Accord International de 2006 sur les Bois tropicaux.
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants,
Chers Journalistes, chers Internautes,
Mon intervention sera concise et concernera essentiellement les Marquises et les Tuamotu.
Je tiens tout d’abord à préciser que si la France est considérée comme un pays consommateur de bois tropicaux, les Marquises sont indiscutablement productrices et consommatrices de bois tropicaux.
Néanmoins nous émettrons un avis favorable sur ce projet de loi en souhaitant que la Polynésie française puisse bénéficier des aides à la production, et je rejoins ainsi la représentante Madame Daphné Chavey au sujet de l’intégration de la Polynésie française dans un dispositif réglementaire dont pourrait bénéficier notre Pays.
Le Marquisien vit du bois. Il le sculpte, il le travaille, il connaît et maîtrise sa matière. Il l’utilise dans ses constructions.
Dans les années 1800, le bois de Santal des Marquises, d’une qualité authentique et supérieure, a été pillé. C’est grâce, entre autres, à l’action du SDR qui a poursuivit une politique de conservation, que ce bois de Santal pousse encore sur nos terres. Quatre hectares de bois de santal ont été plantés dès 2001, dont 7000m² actuellement en pépinière de Taiohae. Un demi hectare de bois de santal pousse sur les terres de Hiva Oa.
Nos terres, d’ailleurs, attendent les plantations, car ce n’est pas le foncier qui fait défaut : 60% de nos terres à Nuku Hiva sont gérées par le Pays. Notre souhait est la préservation d’espèces endémiques que nous devons replanter, mais aussi l’exploitation forestière de bois destiné à la commercialisation locale et internationale. L’un ne doit pas se faire sans l’autre.
Cela fera près de 30 ans maintenant que le bois de Pin des Caraibes, un bois importé, pousse sur 1200 hectares de notre terre de Nuku Hiva. Les parcelles sont aujourd’hui arrivées à maturité, nous avons à ce jour 570 hectares classés en protection et 630 hectares classés en production. A Hiva Oa, 300 hectares sont classés en protection et 250 hectares en production. Ces exploitations sont gérées par le SDR qui pratique une excellente politique de plantations dans nos îles. Ce bois était destiné à l’exportation.
Ce qui m’interpelle et que je souhaiterais porter à votre attention, c’est qu’il n’y a pas, à ce jour et à ma connaissance, de réel projet d’exploitation.
Je ne vous cache pas avoir été contacté par deux entrepreneurs dont l’un souhaitait exploiter ce bois pour en faire du bardo. Actuellement, cette entreprise importe son bois du Chili ou de Nouvelle Zélande. Le pays a initié et subventionné une plantation de 2000 hectares : que va-t-on faire de ce bois de pin des Caraibes ? Le pays va-t-il bénéficier de cette exploitation ?
Loin de Nuku Hiva, il y a Tikehau, et à Tikehau, le pays a investit 70 millions de F CFP dans une plantation de cocotiers. Ce projet était de monter une usine test : une fois arrivés à maturité, soit une période de 25 ans, les cocotiers ne produisent plus de cocos.
L’utilisation de ce bois devait être introduite dans la construction des Fare MTR ; un hangar destiné à la coupe, le dortoir accueillant de jeunes bénéficiaires du CPIA, des salles de classes destinées à la formation, tout était près pour la production jusqu’à la commercialisation. A long terme cette entreprise allait générer de l’emploi et valoriser l’exploitation d’un bois local. L’esprit d’une telle initiative, respectant le développement durable, parce qu’il était question de régénérer la plantation, a été coupé sur le motif qu’elle était trop coûteuse, à défaut sans doute d’une bonne entente politique et malheureusement d’une certaine fermeture d’esprit.
Que voulons-nous vraiment pour notre pays ? Initions des projets, menons les à bien jusqu’au bout, quelques soient les divergences politiques.
Tout en respectant le développement durable, en considérant la qualité de nos espèces endémiques, en investissant dans des plantations, nous devons penser à long terme l’exploitation du bois tropical, qui est une de nos ressources d’avenir.
Cet accord international sur lequel nous émettrons un avis favorable vise à la promotion et l’expansion internationale des bois tropicaux qui sont cultivés dans le respect d’un développement durable. En adoptant une ligne de conduite logique, de la production à la commercialisation, il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas en bénéficier un jour. Tout dépend de notre volonté de faire avancer les choses.
Je vous remercie de votre attention.