Séance du 13/05/2008: Joelle FREBAULT réagit sur le FARE TAMA HAU, "Maison de l'Adolescence"
TE MANA O TE MAU MOTU
Mme Joëlle FREBAULT
Projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2006 et affectation du résultat en report à nouveau de l’Etablissement public administratif chargé de la prise en charge médico-sociale de l’enfant et de l’adolescent dénommé « FARE TAMA HAU »
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants,
Chers Journalistes, chers Internautes,
A partir de 2004, il s’est exercé une floraison de Maisons de l’Adolescence, partout en métropole, mais aussi en outremer. Une prise de conscience collective, sur le mal-être des adolescents, l’usage du cannabis, les ravages de l’alcool, la détresse des mineures enceintes, a débouché sur la mise en place de telles infrastructures qui jouent plusieurs rôles à la fois.
Le FARE TAMA HAU est un lien social entre les adolescents et notre monde adulte ; ses responsabilités et ses actions sont :
1. Des centres de consultations pluridisciplinaires pour adolescents et enfants
2. Une ligne d’écoute téléphonique d’urgence
3. Un Observatoire de l’Enfance en danger qui a fait publier une étude couvrant les années 1996 à 2004, sur la maltraitance infantile. Suite à ce rapport, qui a nécessité la collaboration du Tribunal de 1ère Instance, les Affaires Sociales de Papeete, le CHPF et d’autres centres publics, le docteur Daniel Dumont exprime clairement le souhait que les Pouvoirs politiques déterminent des actions concrètes.
Ces deux derniers points ont été financés par l’EPAP à hauteur de 119 millions de F CFP.
Et sur 44000 appels à la ligne verte en 2006, seuls 1600 ont déclenché une attention particulière. Mais il est évident que la campagne de communication de la Ligne Verte a eu un effet spontané. Les demandes d’aides des jeunes filles sont généralement plus fréquentes, (56% en 2002).
En 2007, 80 000 appels ont été répertoriés, il existe donc un véritable besoin, ou tout du moins, une connaissance publique de la ligne 119. A ce stade, j’estime que le chiffrage de ces appels n’est pas aussi important que l’aide qu’ils peuvent procurer, ne serait-ce qu’à une seule personne.
A la lecture de ce rapport sur l’Enfance Maltraitée en Polynésie française, étude initiée dans le but d’actions sociales et politiques, j’ai été profondément affectée de découvrir que les abus sexuels touchaient majoritairement les enfants de 3 à 6 ans, de constater l’augmentation de la violence psychologique et physique envers les adolescents. De 1996 à 2004, le nombre des petits Polynésiens en danger de maltraitance est passé de 74 000 à 98 000.
Les coûts de placements, de prises en charge sociale, de décisions judiciaires ou administratives, se sont accrus au fil des années, parallèlement à la croissance de la maltraitance infantile.
Je porte d’ailleurs à votre attention, qu’aux Marquises Sud, par exemple, nous n’avons qu’une assistance sociale qui gère les trois îles. Pourtant, partout dans nos Archipels, il existe aussi des cas de jeunes en difficultés, qui sont, d’ailleurs, souvent livrés à eux-mêmes lorsqu’ils doivent poursuive leur scolarité à Tahiti.
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Le rôle du FARE TAMA HAU a toujours été bien établi. Si 80% des demandes d’aides sont d’ordre psychologique, ces souffrances ont leur source dans les dysfonctionnements familiaux.
Les réalisations du FARE TAMA HAU sont louables en plusieurs points : l’emplacement d’une cellule récréative, l’observatoire mis en place, l’amélioration des formations du personnel, la continuation de la ligne téléphonique 119, ont toute leur place dans l’épanouissement social et l’accompagnement psychologique des jeunes patients. Les actions parallèles du système SOLED[1] également.
Je conclurai donc ainsi : il faut véritablement prioriser les actions du FARE TAMA HAU et j’encourage le Ministère des Affaires Sociales et le Ministère de la Santé à prendre connaissance de l’Etude de l’Observatoire sur la maltraitance infantile en Polynésie française et de mettre en place une politique de prévention adéquate.
Le subventionnement par l’EPAP apparaît comme une condition préalable à tout avancement dans ce domaine. A lecture du compte financier, il est fort probable que le Pays devra soutenir le FARE TAMA HAU. La ligne verte doit être maintenue, l’Etude de l’Observatoire doit être retenue.
Ces deux actions polyvalentes ont été financées par l’EPAP, nous avons donc des raisons de nous inquiéter de leur continuité. Nous espérons également que des efforts seront maintenus dans l’encadrement des adolescents, et en aparté, dans la collaboration et le dialogue entre le SPIJ et le FARE TAMA HAU. N’oublions pas, qu’en 2004, 98 000 petits Polynésiens étaient considérés en danger de maltraitance psychologique, physique ou sexuelle.
Ce sont ces enfants qui doivent guider nos futures décisions politiques et sociales, et plus précisément ici, l’analyse de ce projet de délibération doit nous faire réfléchir à leur avenir,
Je vous remercie de votre attention.