Séance du 5 juin 2008: Compte financier 2006 du Port Autonome

TE MANA O TE MAU MOTU
Benoit KAUTAI
Séance du 5 juin 2008
Rapport relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2006 et affectation du résultat du Port autonome de Papeete
Le Port Autonome gère le port de Papeete et les marinas de Taina et Vaiare ; et jusqu’à présent, on peut constater que cet EPIC s’en sort très bien : Près de 2 milliards de F CFP en excédent[1], et grâce à la taxe de péage, on construit des infrastructures publiques sans demander de subventions au gouvernement. Il y avait 138 agents permanents en 2006, et en 2008, on compte 149 salariés au port autonome. Le bilan du Budget de l’exercice 2006 est relativement positif, avec un programme d’investissement qui a été exécuté à hauteur de 1, 095 milliards F CFP[2]. Ce bilan reflète également une période de ralentissement économique général à toute la Polynésie : En 2006, l’activité portuaire du secteur pêche ralentit de 7%, le nombre de passagers de la croisière internationale est en baisse de 17%, mais le trafic international qui s’est tassé entre 2004 et 2006, semble être reparti à la hausse en 2007.
Tout cela ne vient pourtant pas masquer un véritable problème qui mine l’avenir de cette infrastructure. Nous parlons souvent de « critique constructive », alors je relève qu’il y a eu, depuis 2005, quatre directeurs du Port Autonome et huit préavis de grèves, ce qui correspond à des revendications syndicales pratiquement tous les trois mois.
Aujourd’hui même, le Port Autonome a été menacé d’un nième préavis de grève. Ces interventions syndicales se nourrissent particulièrement des changements politiques et elles ont toujours trouvé satisfaction dans la grande majorité des cas.
Mais que ne ferions-nous pas, au nom de la Paix sociale ?
Si les salariés du Port Autonome sont aujourd’hui 149, tous en CDI, c’est suite à des négociations syndicales, un arrêté du conseil d’administration a fixé le nombre de postes en 2006 ; 47 postes ont été promus, certains le méritaient, mais comment vraiment le savoir, puisque ces promotions ont également fait suite à des exigences syndicales. La mise en place d’une police portuaire a été, il faut le reconnaître, une très bonne initiative.
Le Port Autonome aurait connu une augmentation de près de 30% de charge du personnel[3], sur une période de 3 ans, sans qu’il n’y ait de plus-value au port, sans qu’il n’y ait de recettes supplémentaires.
Chaque année, pourtant, le Conseil d’Administration révise la grille des salaires en fonction du coût de la vie. Mais une partie du personnel revendique sans arrêt des primes supplémentaires.
Ce qu’on peut constater, c’est que le fait de céder à certaines revendications, ne satisfait apparemment pas les salariés syndiqués, puisque les préavis de grève se renouvellent régulièrement. La paix sociale doit se nourrir de l’échange et non pas du sacrifice.
Une des conséquences, c’est que les menaces de préavis de grève se banalisent depuis 2005, peu importe la couleur du gouvernement, et que tout cela finira par se répercuter sur le budget du Port Autonome. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais si l’engrenage des pressions salariales et syndicales continue à miner la gestion du Port Autonome qui se retrouve seul payeur après les capitulations diverses, nous avons du souci à nous faire.
Nous voulons tous que les choses soient justes et justement gérées. Il faut reconnaître la présence des syndicats comme étant nécessaire pour l’équilibre des forces entre travailleurs et employeurs. Le ministère chargé du Port Autonome a une bien lourde tâche que de préserver le dialogue social, lorsqu’il a un sens ; il est aussi essentiel de communier les efforts du Port Autonome et du Ministère pour contrer certains excès de menaces de grèves ou de blocages.
Les objectifs 2007 du Port Autonome précisent d’ailleurs bien que « l’ampleur des chantiers nécessitera, entre autres, la motivation du personnel de l’établissement »[4]. Cette phrase révèle une certaine inquiétude vis-à-vis de la gestion du personnel et du comportement de certains salariés. Si elle apparaît dans la conclusion de ce bilan, ce n’est pas anodin. Nous devons donc être également réceptifs aux besoins du Port Autonome, qui pendant les périodes de conflits, peut exiger un soutien de son ministère.
Je vous remercie de votre attention.