Le Fonds de Régulation des Prix des Hydrocarbures: Quel avenir? Quelles solutions?

Publié le par TEMOTEM

 

Rapport 37-2008 relatif à un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat de fonctionnement 2007- Comptes spéciaux

 

 

 

 

C’est ici que toute la discussion que nous avons tenue hier sur les hydrocarbures aurait du être débattue.

         Tout d’abord, rappelons à nouveau que le résultat négatif de 1,6 milliards apparaissant en solde d’exécution n’est pas un résultat déficitaire mais un besoin de financement. Les comptes spéciaux couvrent le Fonds de soutien aux Produits de Première Nécessité ou encore le Fonds de régulation des Prix des Hydrocarbures qui fait aujourd’hui l’objet de discussions face à la conjoncture économique sur l’augmentation au baril du prix du pétrole.

 

         En espérant que les cours n’augmentent pas d’ici la fin de l’année, notre gouvernement devra payer 5,3 milliards de F CFP au 31 décembre 2008. A ce jour le prix du baril du pétrole avoisine les $140 et si notre pays devait  simplement équilibrer le fonds de Régulation du Prix des Hydrocarbures, il faudrait augmenter le prix à 62 F à la pompe. L’augmentation de ce prix, trop longtemps retardé par les gouvernements successifs, sera de 30 F CFP à la pompe, en juillet. La politique de l’autruche n’est pas à l’ordre du jour, nous ne commenterons pas le profil bas maintenu des gouvernements précédents sur la situation du Fonds de Régulation des Prix des Hydrocarbures:

Si les Américains ont vu, sans broncher, le prix de leur essence augmenter de 99 cents le gallon[1] en 1997 à $4 en 2001, les Polynésiens qui subissent déjà la fiscalité de la TVA en dépit de la fracture sociale- comme le soulignait hier notre collègue Madame Galenon, ne sont pas prêts pour une augmentation de 60 F : la solution est donc bel et bien dans la réforme radicale du FRPH qui n’est plus adapté à notre économie.

Certes, ce fonds de régulation était efficace dans la mesure où le prix du baril de pétrole était faible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et depuis un moment, d’ailleurs : toute subvention à venir du FRPH risquerait bien de se faire à perte pour la Polynésie française.

Rappelons également compte tenu de notre population de 260 000 habitants et de notre éloignement, nous ne représentons pas un marché convoité.

Par conséquence, nous payons encore plus cher le baril, puisque nous sommes fournis par Singapour. Notre gouvernement doit donc étudier les différentes pistes de marchés de fourniture et ce ne sera pas une tâche facile. L’important étant de mettre un terme à la spirale financière du FRPH qui requiert des subventions, devant être beaucoup plus efficacement réinvesties dans notre économie. Nous sommes un micro marché et nous avons un cahier des charges concernant les carburants à respecter, il faudrait que la route maritime permette d’avoir un coût de transport qui ne soit pas supérieur à ce qu’on paye actuellement.

Au sujet de l’intervention de mon collègue Hirohiti TEFAARERE, il faut comparer ce qui est comparable, le Venezuela est un pays producteur et exportateur de pétrole[2] ; avec la vente du produit à l’export, ce pays a décidé de subventionner le prix à la pompe pour sa population, c’est un choix social. Rappelons que le salaire moyen au Venezuela est de 20 000 F CFP/ mois.

Notre gouvernement est conscient de tout cela et il s’agit aujourd’hui de faire prendre conscience à notre population que nous sommes nous aussi touchés, comme le reste du monde, et sinon plus de par l’éparpillement de notre territoire océanien.

Le fonds de régulation FRPH sert aux particuliers, aux professionnels et à l’électricité qui représente à elle seule plus de 70% du FRPH. C’est énorme, mais imaginons que le FRPH n’intervienne ni au niveau de l’Electricité, ni au niveau des professionnels qui incluent nos pêcheurs, nos perliculteurs, entre autres. Et bien cela se répercuterait immédiatement par une inflation galopante des prix et qui paierait ? Notre population. La subvention du gazole des professionnels est donc une condition sine qua non.

A la fin de l’année 2008, le fonds de régulation du prix des hydrocarbures sera sans doute toujours en déficit. Notre gouvernement doit donc exécuter une refonte juridique et financière du FRPH,

- cumuler cette initiative à la recherche de nouveaux marchés moins coûteux,

- penser au développement durable en programmant, par exemple, la recherche et la confection du biocarburant à base d’huile de coco : pourquoi pas ?

Un projet que l’UPLD avait évoqué ici, au sein de cette assemblée, en soulignant bien sûr toutes les retombées qui en découleraient surtout pour cette population des îles. Encore un autre projet tout aussi important : l’énergie thermique des mers initiée par notre ancien collègue Jean-Michel CARLSON qui a été mis de côté par votre gouvernement et c’est bien dommage !

Toutes les alternatives doivent être pesées, et nous savons que notre gouvernement proposera des mesures : si celles-ci sont radicales, elles n’en seront pas moins constructives et innovantes. Et oui, M. Jacqui DROLLET, il faut souvent regarder dans son rétroviseur pour ne pas faire les mêmes erreurs du passé.

 

Je vous remercie de votre attention.

 



[1] Un gallon = 4 litres

[2] Qui fait partie de l’OPEP

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