Intervention de Mme Léonie Mataoa sur le Développement des archipels
Rapport 50-2008 relatif à un projet de délibération portant modification n°2 de la délibération n° 2008-1 APF du 19 mars 2008 approuvant le budget général de la Polynésie française pour l’exercice 2008
Equipements structurants et environnements :
Le développement des archipels
Mme Léonie Mataoa
Par ce collectif, je souhaiterais intervenir sur le développement des archipels : Interrogeons-nous sur l’héritage que nous allons laisser à nos enfants. C’est toujours la terre qui nous nourrit. Mais pour combien de temps subsistera-t-elle ? Pour les habitants des TUAMOTU, la terre est la « matière première ». Nous sommes essentiellement des agriculteurs et des pêcheurs. Nos ancêtres vivaient de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. Le gaspillage n’existait pas et la production n’était pas une source de pollution. Ce qui pouvait être conservé était conservé ou consommé. Ils connaissaient la nature et la respectaient.
Les conséquences causées par une mauvaise gestion de notre part peuvent s’avérer désastreuses et je constate que certaines autorisations de programmes planifiées il y a 4 ans, n’ont jamais été initiées[1]. Le programme de TO TATOU AI’A permet une certaine flexibilité, en tenant compte de la différence de chaque archipel : Par exemple, dans un autre domaine que celui des travaux divers, il sera proposé la création de zones franches fiscales pour inciter à l’installation d’entreprises dans les archipels et pôles de compétitivités[2].
Nous opterons pour un développement des Archipels économiques, certes, mais surtout un développement durable des Archipels. Ce qui fait défaut aux TUAMOTU, c’est l’eau potable et les habitants des TUAMOTU construisent souvent de leur propre initiative, des citernes en béton sans aucune mesure d’hygiène. Le contrat de projet qui mise sur l’assainissement des eaux, mais aussi sur le développement d’infrastructures écologiques, devrait être un apport financier et stratégique important pour l’Archipel des TUAMOTU, entres autres.
L’écosystème des TUAMOTU est potentiellement riche : le vent, la mer, le soleil sont trois sources exploitables, et inexploitées. Pour l’instant, nous pouvons constater dans ce collectif, que l’essentiel des travaux entamés dans les archipels, concernent la réfection des routes par exemple. Dans le passé, des unités de traitements de déchets ont été budgétées, elles n’ont pas toutes abouties aujourd’hui. Avec le soutien de notre gouvernement, le programme de TO TATOU AI’A et de la bonne volonté, nous pourrons communier les efforts du Ministère de l’Environnement à ceux du Développement des Archipels. Car tout est lié : le développement économique et la protection de notre terre. La culture du coprah, le respect des espèces marines dans l’exploitation de pêche hauturière, tout doit se faire dans une optique moderne de l’écologie.
Notre pays s’est développé d’une manière rapide et nous n’avons pas su utiliser à bon escient ses ressources. Noyés dans une consommation de masse, le peuple ma’ohi a perdu le contact avec ses priorités : celles du fa’a’apu. Il y avait un temps où nous allions pêcher dans certains endroits, selon une réglementation bien définie par la loi de la nature. Aujourd’hui, alors que nous sommes un peuple de pêcheurs, nous ne pêchons que 6000 tonnes de poissons par an, sur trois millions de tonnes pêchées dans le Pacifique.
La loi de programme, tout récemment votée en métropole, fixe les principes et objectifs de la politique française de développement durable à long terme. Les Polynésiens doivent prendre conscience que leur pays ne peut se développer sans un effort commun avec l’Etat.
Ce collectif qui nous est soumis aujourd’hui, s’inscrit dans la continuation mais aussi dans l’innovation. Dans la continuation, parce qu’il poursuit des travaux divers entamés dans les archipels éloignés, et dans l’innovation, parce que le contrat de Projets entamera la politique essentielle d’assainissement des eaux et de développement durable.
Développer durablement, c’est changer nos comportements, nos mauvaises habitudes. C’est notre attachement à la terre, c’est notre volonté de développer de nouvelles infrastructures écologiques et de développer nos archipels en exploitant des ressources naturelles, qui nous permettront d’avancer dans l’ère du temps.
Ce collectif budgétaire que nous soutenons, n’est une étape à franchir par rapport aux programmes d’envergures qui seront en phase avec le Contrat de Projet et le programme de TO TATOU AI’A.
[1] Par exemple, l’étude de l’aménagement en eau agricole Autorisation de programme 104-2003, p.16
[2] Mesure 139 du programme de TO TATOU AI’A