Sur l'avenir des atolls en Polynésie française, menacé par la montée des Eaux

Publié le par TEMOTEM

Rapport 90-2008 relatif à une proposition de résolution demandant d’inscrire au titre des propriétés de la Nation française, la montée des eaux, le réchauffement climatique et leurs impacts sur les atolls, les littoraux des îles hautes de la Polynésie française

 

 

 

 

 

            Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

            Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

            Mesdames et Messieurs les Ministres,

            Mesdames et Messieurs les Représentants,

            Chers Journalistes, chers Internautes,

 

 

Je ne vous cache pas, que lorsque cette assemblée s’est prononcée majoritairement contre le Grenelle de l’Environnement, j’ai eu un profond sentiment de déception et de honte. Encore plus lorsque, en métropole, même les Socialistes se sont prononcés pour le Grenelle de l’Environnement et que là-bas, les députés sont restés solidaires d’une cause commune, celle de la protection de notre planète. TE MANA O TE MAU MOTU a voté POUR le Grenelle de l’Environnement, et même si mon discours avait été interprété comme étant dramatique, je maintiens aujourd’hui, encore plus ma position sur les mesures d’évacuation et les prochains conflits de terres qui toucheront les populations isolées des Tuamotu et des îles de faible altimétrie.

 

Ce sujet est trop grave pour être l’objet de récupération politique.

Tout simplement parce que j’aime mon pays, je suis une femme des Tuamotu, je sais que d’ici un siècle, TAKAROA, pas plus que MANIHI, ne sera épargnée par la montée des eaux. Un siècle, c’est trois générations, un siècle passe vite et déjà 2059 frappera demain à notre porte.

 

J’irai même plus loin dans la démarche de ce rapport, en suggérant aussi, d’intervenir auprès de l’UNESCO qui répertorie les populations menacées par l’exil à cause de ce phénomène mondial. Lorsqu’on a traité du Grenelle de l’Environnement je faisais remarquer au gouvernement qu’il fallait prévoir une zone d’accueil en cas d’exode.

 

Il n’existe pas de drame, il n’existe que la réalité. Et quand nos arrières petits enfants se tourneront vers leur passé, qu’ils sachent qu’au moins nous étions conscients de cette montée des eaux, c’est donc à nous de préparer leur avenir.

 

L’arche de Noé est peut –être de retour, mais à défaut de construire une arche pour préparer l’exode de nos populations, préparons aussi leur accueil et œuvrons par tous les moyens à contrer la dégradation de notre écosystème. N’oublions pas, non plus, que si Tahiti bénéficie d’un développement moderne et urbain, les populations paumotu, des Australes, des Gambiers, sont conservatrices de nos cultures et de nos langues. Que c’est bel et bien dans les Archipels et communes éloignés qu’on parle le reo ma’ohi à la maison, que c’est là bas qu’on conserve nos traditions orales. Et que c’est aussi là bas que la montée des eaux se fait plus menaçante.

 

Alors, oui, nous, à TE MANA O TE MAU MOTU, nous avons voté pour le Grenelle de l’Environnement, et nous voterons pour ce projet de délibération. En encourageant même, que la démarche soit internationale, qu’elle aille plus loin. Et qu’aussi, puisqu’on parlait de l’Institut de la Communication Audiovisuelle, et bien, qu’aussi, on consacre à chacune de nos îles éloignées une étude filmique, écrite, sur sa superficie, son éloignement, sa population et ses traditions.

 

Conservons pour l’avenir de nos petits enfants, le souvenir de ce que nous sommes aujourd’hui.

 

Et agissons, non seulement par des textes, mais aussi par des campagnes de sensibilisation et par une planification de la sauvegarde de nos populations.

 

J’espère n’avoir pas été trop « dramatique  et pessimiste » comme le soulignait mon collègue Jacqui Drollet lors de mon intervention sur le Grenelle de l’Environnement. Oui, je suis d’accord avec lui lorsqu’il disait « il faut faire confiance à la nature qui prendra le dessus d’une manière ou d’une autre », mais peut-on faire confiance aux Hommes et à leur gestion de l’environnement. 

 

Mais je suis une femme des Tuamotu et j’aime mon île Takaroa, comprenez que j’ai bien du mal à accepter qu’un jour, la montée des eaux pourrait la faire disparaitre de la carte du monde.

 

Je vous remercie de votre attention.

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