Lettre au Président de la République française
ASSEMBLEE DE LA
POLYNESIE FRANCAISE
Les groupes représentés à
l’assemblée
Papeete, le 26 novembre 2008
A
Monsieur Nicoias SARKOZY
Président de la République française
Objet: Réforme de l’Indemnité Temporaire de Retraite des fonctionnaires — Problématique du développement de la Polynésie française.
Depuis quelques semaines, notre pays traverse une crise sociale qui ne parvient pas à trouver son épilogue. Celle-ci a pour origine la réforme de l’Indemnité Temporaire de Retraite (ITR) des fonctionnaires d’Etat, initiée dans l’article 63 de la Loi pour le financement de la sécurité sociale pour 2009.
Cette crise, qui depuis maintenant plus de quinze jours, ralentit considérablement l’activité économique de noire pays, peut encore se durcir, avec toutes les incidences que cela suppose, et au risque de remettre en cause la paix sociale de notre pays, ceci considérant la détermination affichée des participants à ce mouvement. Malgré les avancées obtenues et les négociations effectuées, de fortes craintes subsistent parmi les fonctionnaires concernés. Leurs représentants sont donc récemment venus nous faire part de leurs craintes et nous avons entendu leurs inquiétudes. Notre assemblée avait d’ailleurs déjà eu l’occasion de se prononcer lors de sa résolution n°2008-4 R APF du 13 octobre 2008 sollicitant de 1’Etat un moratoire sur ce projet de réforme.
Notre pays repose, depuis plus de quarante ans, principalement sur les transferts opérés par l’Etat; notaniment par le biais de cette ITR dont une grande part est immédiatement réinjectée dans notre économie, via la consommation des ménages bénéficiaires du système. Bien qu’aucune étude précise n’ait été menée, il est certain que cette réforme aura, à terme, des conséquences importantes sur la consommation et donc sur la santé de notre économie. Cette économie qui, du fait de notre insularité, peine à trouver une voie pérenne à son développement. Ceci alors même que notre classe politique tente, chaque jour, d’y remédier. De surcroît, le contexte international du moment et le climat de récession à venir ne seront pas pour nous aider dans la croissance de nos secteurs productifs.
Aussi, malgré les nécessités auxquelles la Nation entière doit faire face, nous faisons appel à votre souci du développement équitable de l’ensemble français et à la préservation de la solidarité nationale pour tous les citoyens en intervenant sur cette réforme de l’ITR.
Si les fonctionnaires, qui servent sur tous les océans les intérêts de l’Etat et de la Nation au quotidien, sont prêts à participer à l’effort national engagé par le gouvernement central; ils attendent que ce dernier prenne en compte les services rendus à la Nation. Nous souhaitons, pour ce qui nous concerne, que la Polynésie française ne souffre pas durablement des conséquences d’une réforme initiée avant tout pour lutter contre des abus que nous dénonçons et avons toujours dénoncé avec force. La Polynésie française a apporté, pendant des décennies, une lourde contribution au rayonnement de la France dans le monde et en subit, depuis lors, toutes les retombées. Nous savons cependant 1’Etat soucieux de lui signifier sa gratitude en se préoccupant de l’avenir de chaque polynésien.
Le Parlement ayant, comme vous le savez, déjà fait son office, il nous apparaît cependant que les décrets d’application à venir pourraient être reportés d’une année. Ce report pennettrait, avant toute chose, de laisser le temps à la réalisation des études nécessaires à la mesure des impacts de la réforme. A l’image du départ annoncé des forces militaires, nous devons, de concert avec l’Etat, pouvoir en étudier précisément les conséquences sur notre économie afin de mettre en place les politiques productives et les mesures compensatoires nécessaires.
Les politiques de développement à venir et les nouvelles orientations de notre économie ne sauraient être pérennes si elles ne partent sur des prévisions et estimations précises et objectives. Ainsi, l’Observatoire des prix, mis en place par le Secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Monsieur Yves JEGO, n’a pas eu le temps de livrer ses premiers travaux que la réforme est quasiment aboutie. Or, sa mise en place devait initialement servir la réforme à venir en la fondant sur des données économiques chiffrées,
Aussi, Monsieur le Président, nous, élus de Polynésie française, vous demandons solennellement de bien vouloir surseoir à l’application de la réforme de l’Indemnité Temporaire de Retraite en reportant d’une année civile les décrets d’application afférents. Par ailleurs, nous sollicitons une audience de votre part et ce en présence de l’ensemble de la représentation politique locale et nationale de notre pays. Nous souhaitons que cette rencontre puisse se faire avant toute décision de votre gouvernement quant à ce dossier.
Soyez assuré, Monsieur le Président, de notre très respectueuse considération.
Mme Eléanor PARKER, Vice présidente de TE MANA O TE MAU MOTU
M. Jean Christophe BOUISSOU, Président de TO TATOU AIA
M. Jacqui DROLLET, Président de l'UDSP