projet de loi du pays relative à la lutte contre l’abus du tabac et le tabagisme

Publié le par TEMOTEM


TO TATOU AIA
Mme Joelle FREBAULT 

 

Rapport  126-2008 sur le projet de loi du pays relative à la lutte contre l’abus du tabac et le tabagisme

 

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

            Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

            Mesdames et Messieurs les Ministres,

            Mesdames et Messieurs les Représentants,

            Chers Journalistes, chers Internautes,

 

 

En 2002, les ménages polynésiens consacraient en moyenne 2,8% de leur revenu à l’alcool et au tabac, tandis que, comparativement, 1,2% était investi dans l’éducation et la formation[1]

32% des jeunes scolarisés de 10 à 20 ans et 40% de la population polynésienne fume[2].

En 2007 notre pays a perçu 5 765 496 327 FCFP de la fiscalité indirecte totale sur le tabac. Nos dépenses de Santé dues au tabac s’évaluent à 3 milliards de FCFP, soit 6% des dépenses de l’assurance maladie CPS[3].

-         L’augmentation du prix du tabac,

-         les campagnes de sensibilisations sur les méfaits du tabagisme,

-         l’interdiction de publicité pour le tabac à la télévision,

ont considérablement ralentit les ventes de ce produit en métropole.

Par contre, si les ventes de cigarettes sont passées de 97 milliards d’unité en 1991 à 55 milliards en 2007, le volume de tabac à rouler vendu a, lui, augmenté : il est passé de 4 905 tonnes en 91 à 7 706 tonnes en 2007.

L’année 2007, en France, la vente de ces produits du tabac a représenté environs 14 milliards d’euros, elle représentait 7 milliards d’Euros en 1991. Soit, si vous m’avez bien suivi, les consommations de tabac ont baissé, mais elles rapportent tout autant d’argent aux grandes corporations ; de 1991 à 2007, donc sur une période de 16 ans, les ventes ont doublé en masse monétaire[4].  

 

Pour la forme, j’ai tenu à commencer par quelques chiffres en considérant ces grandes corporations du tabagisme qui sont responsables d’une addiction qu’elles ont sournoisement imposé à des millions de personnes.

 

Elles sont responsables mais elles ne sont pas pénalisées.

Afin de se donner bonne conscience, une méga corporation comme Philip Morrison dont le chiffre d’affaire est sans doute supérieur au budget de notre pays, a mis en place le groupe ALTRIA. Ce groupe investit des sommes considérables d’argents dans la cause environnementale, dans la lutte contre le tabagisme précoce, dans la promotion et le suivi des actions du TABAC en bourse. Des recherches sont faites sur la création d’un tabac qui ne serait pas autant nuisible à l’être humain.

Le Polynésien fume essentiellement du Bison, il fume à un jeune âge. L’addiction à ce type de tabac très nocif est généralisée. Le tabagisme précoce est une véritable tare et la prévention par le sport, par la promotion d’une hygiène de vie saine, est un moyen de lutte contre l’usage du tabac chez les jeunes.

 

Ce projet de Loi va certainement être perçu comme une restriction de la liberté individuelle, mais comment peut-on être contre une loi qui vise à décourager la consommation d’un produit causant de nombreux décès et maladies graves ?

 

Le 1er janvier 2009, les fumeurs tahitiens vont peut-être faire la grimace et peut-être même que certains d’entre eux prendront la résolution de ne plus fumer. J’avoue que j’ai du mal à voir applicable cette loi, dans nos petits atolls ; le pêcheur paumotu de Kauehi sera en infraction, s’il lui prend de rouler sa cigarette BISON à l’aube sur la plage. Le manœuvre tahitien qui travaille toute la journée sur un chantier de construction, sera en infraction s’il lui prend de faire une pause et de fumer sa cigarette à 10 heures le matin, et pour ces travailleurs là, il sera bien impossible de créer un local en fonction de cette nouvelle réglementation. Tout cela annonce beaucoup de stress en 2009. Il est facile d’imaginer qu’avant les minuits qui sonneront le 31 décembre 2008, les fumeurs polynésiens risquent d’aspirer d’une traite leur cigarette avant de s’embrasser pour les vœux de la nouvelle année. Mais la vie est certainement plus belle quand l’argent ne s’envole pas en fumée !

 

Pour que cette loi ne soit pas interprétée comme une restriction de la liberté individuelle, une campagne intensive en tahitien et en français doit être mise en place.

Il s’agit, en fait, de rééduquer notre population et de décourager l’usage du tabac à rouler et des cigarettes. Cette loi a déjà eu des effets escomptés en Europe et aux Etats-Unis, dans la baisse de la consommation du tabac.

La Polynésie française ne sera pas une exception à la règle. Ce que nous devons espérer des suites de cette réglementation dissuasive, c’est une réduction du tabagisme précoce, car derrière tous ces chiffres, c’est bien la santé de nos enfants qui nous importe le plus.

 

Je vous remercie de votre attention.

 



[1] Economie post-cep 1995-2003 CEROM

[2] Avis du CESC 2008

[3] Chiffres du Ministère des Finances

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