Sur les Investissements dans les Archipels éloignés: Les Marquises

Publié le par TEMOTEM

Te Mana O te Mau Motu

Benoît Kautai

Séance du jeudi 26 mars 2009

 

(Mme Eléanor PARKER a lu l’intervention du représentant absent)

 

Rapport 12-2009 relatif à un projet de délibération portant modification n°1

De la délibération n°2009-2/APF du 27 janvier 2009 approuvant le budget général de la Polynésie française pour l’exercice 2009

 

          Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

         Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

         Mesdames et Messieurs les Ministres,

         Mesdames et Messieurs les Représentants,

         Chers Journalistes, chers Internautes,

 

 

Je me souviens que lors de la conférence de l’Archipel des Marquises tenue en 2005, (c’est mon collègue Benoît Kautai qui le dit), des projets de réaménagements divers et de constructions de nouveaux quais avaient été approuvés par les élus marquisiens. Quatre ans plus tard, le constat est décevant.

 

Il est décevant parce qu’on a cette fâcheuse habitude, à Tahiti, de prendre des décisions pour les autres archipels, sans jamais vraiment tenir compte de la réalité du terrain. Par exemple, des millions de francs ont été investis à Fatu Hiva, à Hanatetena, et pour quels résultats ? Les nouveaux débarcadères connaissent aujourd’hui d’énormes problèmes, pendant les fortes houles, la mer recouvre les quais. Le quai de Omoa est pratiquement terminé mais il est mal fait. Pourquoi ?

Parce qu’on envoie aux Marquises des ingénieurs qui ne tiennent jamais comptent de ce que disent les anciens, ils prennent des décisions et s’en vont, sans jamais écouter l’avis des Marquisiens.

 

Investir dans l’aménagement, c’est noble, c’est vital pour nos populations qui sont éloignées et qui n’ont pas les mêmes traitements que les citoyens Tahitiens.

 

Mais les Marquisiens, pas plus que les habitants des Tuamotu, ne sont pas des citoyens de seconde zone.

 

Lors de la discussion en commission, un représentant des Marquises, notre collègue Monsieur Kohumoetini, a proposeé des amendements sur des investissements allant jusqu’à 2 milliards de francs, pour réaménager Hanatetena, pour l’altiport d’Omoa, pour le quai de Vaitahu, j’estime qu’il y a un conflit entre la forme et le fond: Je sais que la proposition de mon collègue marquisien part d’un bon sentiment, de la volonté de servir nos îles ; en effet, quel représentant des Archipels éloignés ne voudrait pas contribuer à l’amélioration des conditions de vie des habitants de son île.

 

Mais dans quelles conditions cet argent va-t-il être investi ? Je pense notamment à l’opportunisme et au flou de ces demandes. L’opportunisme, en effet : comment se fait-il qu’on soumette maintenant de tels amendements ? Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas politique.  Mais surtout, ce qui m’inquiète, c’est la logique dans laquelle ces énormes sommes vont être investies.

 

Des millions et des millions de francs ont été engloutis dans des aménagements divers aux Marquises pour des résultats décevants, c’était presque du gaspillage.

 

Aujourd’hui, où en sommes nous ? Pas d’hélicoptère pour les évasans, des routes dangereuses, une population pratiquement isolée.

Le conseil municipal avait opté pour l’aménagement d’un aéroport qui permettrait à la fois de faire venir le fret, d’être une piste pour un éventuel hélicoptère, ou pour tout simplement les transports de voyageurs.

En tant que représentant des Marquises, j’estime qu’il faut certes, que le gouvernement montre une réelle volonté d’investir dans des aménagements adaptés, mais il est plus important aujourd’hui de financer des études sur le développement que nous souhaitons aux Marquises.

C’est simple, ce que nous ne voulons pas, c’est le modèle de développement « à la tahitienne » : nous ne voulons pas de constructions champignons sur les montagnes accompagnées d’une pollution nuisible à l’environnement et au paysage de nos îles marquisiennes, nous ne voulons pas non plus de tiki village folklorique à la limite de l’exposition coloniale. L’idée d’un aéroport international est séduisante, mais certainement prématurée. Seule une étude globale quant au schéma de développement des archipels permettra de calibrer la taille de cet équipement.

 

Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est le commerce marquisien, son développement, le coût du fret, le potentiel agricole et aussi culturel. Il s’agit d’améliorer des structures de bases, comme l’aménagement d’une piste aérienne, de l’altiport d’Omoa, mais des aménagements intelligents.

 

Investissons intelligemment aux Marquises et écoutons les Marquisiens, lorsqu’ils disent que l’emplacement de tel ou tel quai ne convient pas. Ayons des projets de développement à long terme. Si des villes à caractère industriel ou touristique doivent se développer aux Marquises, qu’elles se développent avec des technologies écologiques et modernes. Que l’art et la culture marquisiennes ne soient pas dévalorisés par des entreprises folkloriques que nous ne souhaitons pas.

 

Avant d’exiger des milliards de francs, il faut avoir la certitude qu’ils seront investis comme il le faut, là où il le faut. A présent, je ne suis pas convaincu qu’il y ait un changement de mentalité de la part de certains élus au sujet du développement de nos îles. Je suis donc contre la distribution budgétaire lancée à l’aveuglette.

 

Ce que je viens de dire pour les Marquises, tout élu des îles pourrait vous dire la même chose.

 

Vous savez que nous ne sommes pas dans une opposition qui ne veut faire que de l’opposition. Notre groupe et TO TATOU AIA ont toujours prôné l’ouverture et le dialogue.

 

Sur ce projet nous resterons dans cette logique, c’est ainsi que pour l’ensemble des raisons évoquées, nous nous abstiendrons par principes, mais à l’occasion de la discussion article par article et opération par opération, nous pourrons soutenir celles qui nous paraissent dans l’intérêt du pays et de notre population mais aussi de refuser celles qui nous semblent ne pas correspondre aux objectifs énoncés.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

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