Des relations contractuelles avec l'Etat en matière de pêche et d'agriculture
Intervention de Monsieur Tuti PEU
(Séance du 2 juillet 2009)
Rapport N°49-2009 relatif à un projet de délibération portant approbation de la convention relative à la collaboration entre l’Etat (ministère de l’agriculture et de la pêche) et la Polynésie française
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Président de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants à l’Assemblée de la Polynésie française, chers collègues,
Malgré les contraintes de l'isolement, les difficultés liées au chômage des jeunes ou encore la croissance urbaine, la Polynésie française offre, au milieu du Pacifique, l'image d'une société moderne, dont le niveau de vie égale celui des plus grands pays.
Cette chance est celle de la Polynésie et de la France, soudées dans un passé commun, dans des valeurs partagées, dans un destin solidaire et fraternel.
C’est par l'autonomie que la Polynésie française doit s'inventer des lendemains compatibles avec l'idée que l'on se fait du progrès.
Cette voie, que nous poursuivons avec la métropole est celle d’un partenariat continu tel qu’au travers du Grenelle de la mer, des états généraux ou encore dernièrement de la reconduction de la convention des maisons familiales rurales de Polynésie française.
Ce sont autant de témoignages d’une relation de confiance et de solidarité avec l’Etat indispensable en ces temps de crise.
Une crise qui n’est cependant pas coupable des dysfonctionnements des structures existantes en matière d’agriculture dont l’instabilité politique a souvent nuit à la prise de décision pérenne et ce, en dépit de volontés affichées de développer ce secteur primaire.
Je relève dans le rapport que les programmes et les actions de développement de l’agriculture pour les dix années à venir visent l’autosuffisance alimentaire de notre pays.
Peut-on envisager une autosuffisance ? En effet, quand on sait que notre géographie n’est pas propice au développement massif à cause de ces reliefs escarpés ou atolls peu fertiles, un climat tropical qui limite les cultures, ou encore l’éloignement des archipels. Et n’oublions pas la rareté des terres renforcées par l’indivision.
Nous pouvons bien sûr améliorer l’agriculture, mais en nous méfiant des systèmes productivistes, qui ne sont pas étrangers aux scandales sanitaires européens : vache folle, poulet à la dioxine, ou encore tremblante du mouton pour en citer quelques un. Et ne parlant pas des problèmes écologiques dus aux pesticides et engrais.
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Les soutiens de l’Etat à travers cette convention cadre verra renaître une collaboration sous diverses formes : appuis techniques ou d’expertises, de formations, d’échanges d’informations et de soutiens financiers néanmoins, aucune aide à la réglementation du secteur agricole car il s’agit là de la compétence du Ministère.
Cependant, il conviendra, très précisément, au sein des futures conventions d’application, de prévoir les enveloppes prévues et de quelle façon elles seront utilisées. Une pré-évaluation aurait été intéressante pour mieux apprécier la pertinence d’une telle convention.
A ce sujet, il aurait été intéressant de connaître les instruments de mesure de l’efficacité de cette convention, afin de juger, le moment venu, de sa poursuite, de son renouvellement voire même de la mise en œuvre de ce type de conventions dans d’autres secteurs.
Par ailleurs, en plus de ce dispositif il conviendrait de réfléchir à la possibilité de mettre en place un programme parallèle incitant et soutenant financièrement les jeunes méritants et intéressés par des études approfondies dans le domaine agricole à partir se former en métropole dans le but de devenir les références locales rendant inutile la reconduction de telles conventions.
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En complément de cette convention, dont nous approuvons le contenu, l’effort devrait porter sur l’amélioration des conditions de commercialisation, mais également et surtout sur la recherche de la qualité.
Une demande récurrente des professionnels du secteur car de très nombreux producteurs polynésiens proposent déjà des produits de grande qualité, et ce en dépit d’un travail difficile et parfois ingrat, mais c’est précisément pour cela qu’ils doivent être encouragés par une meilleure reconnaissance de cette qualité.
Le politique se doit d’assurer le fonctionnement correct de la commercialisation, la fourniture d’équipements publics adéquats, l’établissement et le respect des normes sanitaires.
Il ne suffit pas de croire qu’en laissant aux exploitants le champ libre pour fixer leurs tarifs, les importations allaient seules les contraindre et éviter les risques de dérapages.
La limitation des importations ou la fixation des prix chez l’agriculteur parfois même en conseil des ministres ne contribuent ni à la qualité, ni au développement du secteur.
Car l’encadrement des prix ne touche malheureusement pas la grande et moyenne distribution. Du coup l’argument qualité et 100% local ne font qu’alourdir la facture du consommateur au détriment de l’agriculteur.
Le consommateur polynésien reviendra vers une consommation locale, quand il aura la qualité gustative et nutritive à un prix raisonnable, ce qui, répétons- le, est déjà le cas sur certains produits. La recherche de qualité est à considérer avec la plus grande attention.
Récemment encore, un article d’un magazine de la place dans la semaine du 12 au 18 février nous informait que “près de 70% des analyses sur les fruits et légumes locaux ne dépassent pas les normes en résidus de pesticides”. Cela veut tout de même dire que dans le tiers des cas, les fruits et légumes en contiennent trop.
Cela doit changer et les pouvoirs publics ont, en la matière, un rôle fondamental à jouer. C'est aussi par l’exploitation des compétences locales, que le champ initiatique de la responsabilité pourra être cultivé.
En attendant que les idées poussent au Ministère nous voterons donc pour l’adoption du présent rapport.
Je vous remercie de votre attention.