Intervention relative à l'approbation du compte administratif 2010 du budget général et l'affectation du résultat.

Publié le par TEMOTEM

 

 

 

Intervention relative à l'approbation du compte administratif 2010

du budget général et à l'affectation du résultat.

(Séance du 23 juin 2011)



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Mme Eléanor PARKER

 

 

 

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

Monsieur le Sénateur de la Polynésie française,

Monsieur le Président de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les représentants,

Mesdames, Messieurs,

 

 

 

Nous devons statutairement nous prononcer sur le compte administratif. Ici il s’agit du bilan financier des actions de l’ancien gouvernement dont je faisais partie. Celui de Gaston Tong Sang à l’occasion duquel il était également ministre des finances.

 

Il y a toujours beaucoup de choses à dire sur un budget.

 

Pour ma part j’ai retenu un budget 2010 gonflé. J’entends par là qu’il a reçu 9,7 milliards de plus que le budget précédent. En apparence tout cela semble positif. Toutefois en y regardant de plus près on s’aperçoit que ces recettes sont pour l’essentiel issues des dividendes exceptionnels versés par l’OPT et des restes à recouvrer sur les années passées. Le problème c’est que ces recettes sont exceptionnelles : on ne pourra pas compter sur elles en 2011. Par ailleurs, si on enlève ces 9.7 milliards et bien on se rend compte que les recettes de l’année 2010 ont diminué de 3.4 milliards par rapport à 2009. Au niveau des recettes on pourrait donc dire que c’est un budget d’apparence qui cache mal une diminution importante de nos ressources. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas saisir ces opportunités de recettes exceptionnelles. Dans notre situation actuelle il faut profiter de toutes les ressources disponibles. Néanmoins, on ne peut pas dire que ce budget fait la démonstration d’un redressement de nos finances publiques.

 

 

Dans le même temps, les dotations servant à préparer les investissements futurs ont  augmenté les dépenses de fonctionnement de 4 milliards. Cela semble plutôt positif et je dirais même que d’une certaine manière c’était courageux. Bon !...C’était une exigence comptable, longtemps oubliée d’ailleurs, qui, c’est vrai, prépare l’avenir…mais l’ampleur du rattrapage était-il bien cohérent avec la situation économique et sociale. On a le sentiment que les considérations technocratiques ont pris le dessus sur le reste et c’est là que réside le drame du pays. La grande chance réside aussi dans la capacité de résistance de notre population car ce fut autant d’argents en moins que nous avons de disponible pour venir en aide aux plus démunis.

 

 

A coté de cela, les dépenses de personnel sont, cette année encore, en diminution. Depuis 2007 ces frais ont diminué de près de 750 millions. C’est important. D’ailleurs, le niveau de dépense n’a jamais été aussi bas depuis 2007. Toutefois, sur la période la diminution n’est que de 2%. Par ailleurs, rappelons-nous qu’en 2004 les charges de personnels étaient de 3 milliards inférieures à celles d’aujourd’hui. Il nous restait donc des marges de manœuvres.

 

Concernant les virements de transferts, dans lesquels je classe les contributions aux institutions et les subventions aux organismes publics, on notera une baisse de plus de 4 milliards. C’est de nature à satisfaire la population. Néanmoins, ces efforts sont en partie neutralisés par l’inscription de recettes qui ne pourront jamais être recouvrés. Cela représente 2 milliards de recettes en moins. Au niveau des dépenses on peut donc dire que des efforts ont été accomplis notamment pour préparer l’avenir et au niveau des subventions mais j’ai le sentiment que tout cela a été fait de manière très technocratique sans visibilité à moyen et long terme.

 

De son coté, le niveau d’investissement a diminué de 2.3 milliards par rapport à 2009. C’est inquiétant. On n’a pas vu un niveau aussi faible d’investissement depuis 2006. C’est un gros problème. C’est d’ailleurs ce qui nous vaut les critiques de nos principaux soutiens. L’Etat et l’Union européenne en tête. Nous n’arrivons pas à consommer nos crédits d’investissements et nous avons tout un tas de projet qui n’ont pas obligatoirement de cohérences entre eux et qui ne préparent pas bien l’avenir de notre pays. Pourquoi délégué pour 46 milliards de crédits quand on sait que nous n’arrivons pas à injecter plus de 35 milliards d’investissements ? Tous les gouvernements successifs continuent d’afficher des ambitions qu’ils n’arrivent jamais à atteindre. D’où l’intérêt de mettre en place un schéma d’aménagement du territoire pour prévoir et programmer nos investissements publics sur 15 ou 20 ans. Toujours est-il que pour financer ce niveau d’investissement on a compté essentiellement sur l’Etat et sur l’emprunt pour respectivement 45% et 48%. En somme l’investissement a été en 2009 le parent pauvre du budget et c’est bien là que le bas blesse dans une économie comme la nôtre qui s’est habituée à fonctionner par le biais de la commande publique.

 

 

De son coté, notre dette à fortement augmenté même si Monsieur Gaston Tong Sang n’est pas parvenu à  boucler son objectif de recours à l’emprunt. Et pour cause, plus nous serons endettés, moins on voudra nous prêter. Notre dette par habitant est passée de 272000 francs en 2004 à 336000 en 2010. On ne peut pas continuer d’endetter nos enfants comme cela. C’est simple : ne pas réduire nos dépenses de fonctionnement conduit à endetter nos enfants. Comment pouvons-nous continuer de faire rêver nos enfants sur le Tahiti d’antan quand nous ne cessons de les appauvrir. Comment continuer de leur expliquer qu’on en a bien profité et qu’on ne leur laisse qu’un pays endetté et sans réelle perspective d’avenir. On ne construit pas un futur commun sur les rêves d’un passé qui ne reviendra plus. Nous devons investir de manière cohérente et à des niveaux réalistes dans des secteurs porteurs d’avenir.

 

 

On peut conclure que c’est un bilan en demi-teinte si on prend en compte les objectifs initiaux. D’un coté on réduit, assainit, recouvre et provisionne les moyens futurs, ce qui est positif. Mais d’un autre les recettes continuent de se replier beaucoup plus vite que les dépenses. En 2009 le niveau d’investissement n’a jamais été aussi bas et notre endettement jamais aussi inquiétant. Qui plus est ce piètre résultat n’a pu être obtenu qu’en raison de recette exceptionnelle en « one shot » ! Le gouvernement actuel ne pourra pas compter sur ces marges de manœuvre qui ont été épuisées. Je vous cite l’analyse que je ne partage pas de mon collègue JC BOUISSOU telle qu’il a exprimé en commission : « Sans réelles volontés, de rassembler, sans les réserves épuisées et dans l’impossibilité de récréer l’illusion, il devenait stratégiquement plus intéressant pour le Gouvernement précédent de refiler la patate chaude à l’UPLD. C’est une critique car avec ces ressources et une vraie volonté de rassembler, le gouvernement précédent avait les moyens de finaliser un certain nombre de réformes. Lui a-t-il manqué de courage politique, je n’en sais trop rien mais une chose est sure, on ne lui a pas laissé le temps d’aller plus au fond des choses.

 

 

C’est vrai qu’aujourd’hui, le gouvernement actuel ne dispose plus d’aucune marge de manœuvre. Il est contraint, sous la pression de l’Etat de faire ce que le gouvernement précédent a refusé de faire.

 

 

Ceci dit l’histoire se souviendra que c’est l’actuel Président Temaru qui amena les Etats généraux en Polynésie, que c’est le même qui demande une inspection transparente de notre administration et qui, cahin caha, s’arme de courage pour prendre les décisions qui seront certainement impopulaires mais nécessaires et qui conditionneront l’avenir de notre pays.

 

 

Je vous remercie.

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