Intervention relative à la dénomination "boulanger" et à l'enseigne commerciale "boulangerie"
Intervention relative à la dénomination "boulanger"
et à l'enseigne commerciale "boulangerie"
(Séance du 26 avril 2012)
Mr Benoit KAUTAI
Monsieur le Président de l'Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Sénateur de la Polynésie française,
Monsieur le Président de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants,
Mesdames, Messieurs,
Cela n’a pas toujours été le cas mais voilà un produit, la baguette, qui est entré dans nos habitudes de consommation. On en mange à toutes les sauces et à toutes heures de la journée. A telle enseigne que sur les îles de Tahiti et de Moorea sa production est actuellement de 48 millions d’unité par an. C’est maintenant un produit de première nécessité.
Le problème qui se pose à nous est double :
Il est d’abord celui de la pertinence de la fixation administrative du prix de la baguette. En métropole, le prix non administré oscille entre 51 francs en super marché et 100 francs en boulangerie. Son prix est ici de 53 francs à Tahiti et Moorea mais il est plus élevé dans les îles éloignées.
Le problème de la fixation administrative réside dans le fait que celle-ci privilégie les apparences à la réalité des faits économiques. Pour faire simple : On ne dit pas la vérité aux consommateurs. Je pense que c’est une erreur. Le blé n’étant pas une matière première locale il est logique que la baguette soit plus chère ici qu’en France. Mais aujourd’hui la différence de prix constaté en supermarché n’est avec la France que de 2 francs alors que la métropole est, me semble t il, le troisième exportateur mondial de blé.
Par ailleurs, ce système de fixation des prix peut conduire à la dévalorisation du produit. Il faut savoir que le pain, à son prix actuel, n’est pas toujours, en premier usage, réservé à l’alimentation des hommes et femmes de notre pays.
Et puis ce qu’on ne fait pas payer au consommateur on le fait prendre en charge par le contribuable. Le problème c’est que ce sont les mêmes personnes et qu’on ne dit pas clairement les choses.
Maintenant, je comprends qu’il faut aussi sauvegarder le panier de la ménagère. Mais qu’est ce qu’on y met dans ce panier ? Parce qu’il a quand même bien évolué ces trentes dernières années. Le prix de marché serait, nous dit on, de l’ordre de 62 à 63 francs s’il n’y avait aucun soutien public. Son impact pour une famille de 5 personnes serait donc mensuellement de 1500 Francs. Il est là le débat !
La seconde question est celle de notre capacité financière à maintenir cette politique de prix administrativement très bas. Car évidemment celle-ci à un coût que l’on retrace dans nos finances publiques au travers des deux fonds que sont le FRPH et le FSPPN. Or ce qui me frappe c’est qu’alors que le volume importé de blé a augmenté de 25% en trois ans, ce qui est déjà beaucoup, le montant de la prise en charge par le FSPPM à lui plus que doublé ! On est passé en trois ans de 205 millions à 439 millions ! C’est énorme. La responsabilité n’incombe pas à l’organisation du marché local. Elle est plus surement liée à l’évolution des cours mondiaux du blé qui, ces dernières années, ont été affectés par de nombreux évènements climatiques et politiques et par la forte demande venant des pays émergents.
Il est là le véritable problème ! On ne disant pas la vérité aux consommateurs, on affaiblit nos finances publiques face à des facteurs que nous ne maitrisons pas. On se met en situation de vulnérabilité. Ce mot vulnérabilité fait écho au constat dressé par l’Union Européenne et le conseil interministériel de l’outre mer à notre égard en particulier dans les domaines de l’alimentaire et de l’énergie. Nous dépendons trop des importations et nous devons faire des efforts pour consommer « local » et produire de manière endogène.
Le texte que nous allons voter revalorise le métier de boulanger en écartant ceux qui ne maitrise pas la totalité du processus de fabrication. C’est bien, mais son impact sur nos finances publiques reste en vérité très modeste.
Nous devons je pense entamer une réflexion de fonds sur cette question qui à défaut ne manquera pas de se poser à nouveaux.
Je vous remercie.