Réponse à la question orale de Mme Liliane MARITERAGI-MAIROTO
Réponse à la question orale de Mme Liliane MARITERAGI-MAIROTO
de M. Antony GEROS Vice-Président de la Polynésie française.
(Séance du 11 juillet 2011)
M. Antony GEROS
Ia Orana,
Madame la représentante, chère Liliane,
Cela fait maintenant deux séances que mon Gouvernement et moi-même, sommes interpelés sur le besoin d'étendre à meilleur coût jusque dans les extrémités les plus reculées pour ne pas dire septentrionales de notre fenua, le service numérique qu'est en droit d'exiger de l'autorité publique, nos concitoyens, résumant en cela votre interpellation sur cette fameuse fracture numérique.
Je vous remercie de me donner ici l'occasion de préciser quelque peu la politique du gouvernement ainsi que les perspectives concrètes intéressant de manière plus spécifique la problématique de l'atoll de Ahe.
Votre question m'interpelle au plus haut point car vous n'êtes pas sans ignorer pour l'avoir vous-même rappelé que nous sommes en période de récessions budgétaires et en tant que Ministre du Budget, en charge de l'économie numérique, je peux vous assurer que la saine gestion des ressources tant financières que techniques des structures relevant de mon autorité, est ma priorité.
Permettez moi pour l'information de tout le monde, d'insister sur le fait que notre pays est constitué de 118 îles disséminées sur une étendue aussi vaste que l'Europe. Malgré cette contrainte, les tarifs d'accès à l'internet sont identiques pour tous, résidents de Tahiti comme résidents des Tuamotu. Cela est possible grâce au système de péréquation instauré depuis le début de tous les citoyens polynésiens, à répartir également (je n'ai pas dit équitablement) tous les coûts des infrastructures nécessaires à l'accès internet sur l'ensemble à la fois de la population du pays et des usagers de ce type de prestation.
Dans le cas précis de l'île de Ahe qui compte 567 habitants, dont une centaine résidant le village de Tenukupara, il me semble utile de rappeler qu'à ce jour, le Pays, à travers son opérateur OPT a déjà investi au titre du réseau de télécommunications fixe permettant l'accès à internet près de 71 millions de francs. A ceci, il convient pour être exhaustif de rajouter le coût deu déploiement des 2 sites de téléphonie mobile par Tikiphone qui s'est élevé à 65 millions de francs assurant ainsi une couverture évaluée à 90% donc quasi-totale des usagers du réseau de cet atoll. L'ensemble de ces prestations intéresse à l'heure où je vous parle, une clientèle de 112 abonnés.
Enfin pour mettre en perspective cette réalité d'échelle, il nous faut tenir compte dans l'exploitation du réseau fixe et mobile, le coût annuel de son fonctionnement qui s'élève à 16 millions de francs, non couvert par les 6.5 millions de chiffre d'affaires moyen générés par l'utilisation du Vini sur Ahe.
Afin de compléter les équipements existant et d'aboutir ainsi à la couverture totale de l'ile, il faudrait que Tikiphone installe un 3ème site à la passe de Rahokoro. Cet investissement supplémentaire de 35 millions de francs qui n'est pas prévu, du moins à l'horizon 2011-2012, dans le programme de déploiement de Tikiphone, induirait 8 millions annuels de frais d'exploitation supplémentaire.
Tous ces chiffres que je vous livre, non pas pour nous décourager de toutes actions, sont là pour nous donner la mesure de l'effort déjà accomplis dans notre lutte contre la fracture numérique.
Mais revenons si vous le voulez bien sur l'objet principal de votre question qui portait sur l'accès internet de l'île de Ahe.
Ahe comptait 4 abonnés en 2010 : l'un a résilié pour bénéficier des cartes prépayées Mypass et le second pour cause de déménagement sur Tahiti. Ce qui au bout du compte fait qu'aujourd'hui notre interpellation n'intéresse que les deux abonnés restant.
Or sur les deux abonnés restant, l'un est un établissement scolaire donc bénéficiant de la gratuité de son accès internet et l'autre une pension de famille.
Je vous précise qu'aujourd'hui, seules les connexions RTC sont possibles et je suis d'accord de reconnaître le fait que cette technologie n'est pas optimale pour accéder à internet.
Ainsi, pour répondre à votre demande et bien entendu conscient de l'importance du rôle économico-social qu'internet doit jouer pour nos îles, nous avons prévu d'installer une antenne satellitaire VSAT HD d'ici la fin novembre 2011, ouvrant ainsi la possibilité de déployer un réseau Wifi Haut Débit qui couvrira notamment, le village de cet atoll.
Egalement pour inscrire durablement l'atoll de Ahe dans l'ère du tout numérique, il nous faudra attendre le prochain lancement du satellite Intelsat de dernière génération IS18 prévu, selon les renseignements de Baikonours, le 5 ocobre 2011, lequel permettre d'augmenter considérablement les capacités de reccordement à l'internet.
Vous savez combien le désenclavement des archipels préoccupe le gouvernement dans son ensemble et combien il est important pour nous que ces technologies numériques puissent être accessible au plus grand nombre et surtout à notre jeune population afin qu'il puisse s'adapter sans difficulté au monde de demain.
Sachez que compte tenu de la conjoncture que nous traversons, la démocratisation de l'internet ne pourra s'appréhender que de manière progressive pour qu'à terme, l'ensemble des îles du Pays puisse accéder à la toile.
Enfin, concernant le Plan de Genève auquel il a été fait référence lors d'une précédente séance et ce sera en ce qui me concerne, le mot de la fin, je rappelle que ce document stipule en substance que "la société de l'information est un concept évolutif et son stade de réalisation diffère d'un pays à l'autre (...)" ceci, en conséquence, nous donne une bonne marge de manoeuvre tout en restant conforme à la règlementation.
Voilà, Madame la Représentante, chère Liliane, les réponses que je suis en mesure d'apporter à vos questions.
Mauruuru, Te aroha ia rahi
A. GEROS