Résolution révision du procès de Pouvana'a a Oopa
Séance du 14 février 2013
Mme Eléanor PARKER
Monsieur le Président de la Polynésie française,
Monsieur le Président de l'assemblée de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le ministre de l'économie et des finances,
Mesdames et Messieurs,
"Nos ancêtres, les gaulois", voilà ce que j'ai appris à l'école. Ma connaissance de Monsieur Pouvana'a a Oopa se consistait de quelques brides et allusions par-ci, par-là.
Il aura fallu la projection du documentaire historique sur Pouvana'a a Oopa pour que je comprenne le rôle important qu'il a joué dans l'histoire de notre pays.
Je voudrais rendre hommage à Marie Hélène Villierme pour cette oeuvre. Réhabiliter Pouvana'a, c'est se souvenir de notre passé historique et de pouvoir nous consoler dans notre présent en lui rendant justice.
Alors que dire de cette résolution qu'elle est d'une portée historique. Ce n'est pas la demande d'un parti mais celle de tout un peuple. Elle s'inscrit dans un processus de reconnaissance. Une reconnaissance de l'Histoire qui comme l'écrit Hubert Védrine, illustre ministre des affaires étrangères de la France, ne s'écrit plus seulement à sens unique car la vérité est tenace à trouver sa voie.
La France a fait un pas décisif en 2001 en votant une loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. Nos amis des départements d'outre-mer en avaient besoin. Si le 10 mai est aujourd'hui une date nationale commémorative du fait esclavagiste, on le doit à madame Taubira dont l'histoire se souviendra qu'elle a réalisé sur le vote de la loi très controversée du mariage pour tous.
François Hollande a lui même fait un pas important en reconnaissant la répression "sanglante" par les forces de l'ordre françaises de manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris. Il en a fait encore un plus important en fixant une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie.
Cette reconnaissance est intéressante car en définitive l'histoire du peuple algérien et la notre sont liées car c'est en définitive leur lutte pour l'indépendance qui a conduit la France à s'intéresser à otre espace pour la poursuite de ses essais.
Cette même Algérie qui connaitra elle aussi l'autonomie de gestion et qui elle aussi vota en faveur de la constitution de 1958.
Ainsi à mon sens reconnaître les atrocités commises durant la guerre d'Algérie doit naturellement conduire le Gouvernement de la République à s'interroger sur l'opportunité d'entamer, si ce n'est fait, un processus de reconnaissance du fait colonial et nucléaire en Polynésie française.
Le Président de la République a dit qu'il n'y aurait pas de repentance. Soit !
Mais nous devons lui faire entendre la voie de notre peuple qui lui demande que reconnaissance soit faite de cette part de notre histoire commune.
La reconnaissance, c'est la moitié du chemin de la réconciliation. C'est déjà mettre un pas en direction du futur en se débarrassant du poids, je dirais même du fardeau de ces contentieux non résolus.
Le temps est venu de solder ce contentieux des polynésiens avec les actes commis par l'Etat envers Pouvana'a a Oopa.
L'autre moitié du chemin, c'est à nous de l'écrire par le travail sur des projets communs. Pour le bien être de la population avec l'Etat, avec l'ensemble des forces vives nous devons combler le fossé que ces trente années n'ont cessé de creuser entre les communautés.
La reconnaissance, c'est la cicatrice des blessures de l'histoire. C'est une première étape vers l'unité dont notre Pays a besoin.
Je vous remercie.