Débat d'orientation budgétaire

Publié le par TEMOTEM


Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

            Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

            Mesdames et Messieurs les Ministres,

            Mesdames et Messieurs les Représentants,

            Chers Journalistes, chers Internautes,




J’aimerais rappeler à mes collègues que nous sommes ici pour débattre pour la première fois sur les orientations budgétaires de notre gouvernement. Par conséquent, nous aurons toutes les prochaines séances pour contester, pour orienter, pour rejeter ou voter les chapitres concernant fonctionnement et investissement de ce budget 2009.

 

Depuis la fin du CEP, notre pays a emprunté le chemin d’une dépendance financière croissante.

 

C’est parfois avec des mots simples qu’on peut comprendre des mesures plus complexes, alors je dirais tout simplement cet adage, cher à notre président de l’Assemblée :  « Ne te contente pas de donner du poisson à tes enfants, mais apprend-leur à pêcher ».

 

Et en adéquation avec cet adage, les orientations budgétaires du gouvernement de To Tatou Ai’a, emprunte un vocabulaire de la rigueur approprié à la conjoncture actuelle, je cite :

-         rationalisation des dépenses courantes de fonctionnement des institutions et des administrations publiques,

-         révision des prélèvements fiscaux ou sociaux soumise à une logique du résultat

-         ralentissement de la dette publique dans son ensemble.

 

Bien sûr, on ne demande pas à l’opposition d’approuver les orientations budgétaires de notre gouvernement : ce n’est pas son rôle.

 

Mais prenons conscience que notre pays emprunte un autre chemin que celui de la dépendance, et que notre société est obligée de s’adapter à la crise internationale. Lorsque l’Hexagone se portait bien, nous n’avions pas de soucis à nous faire. Aujourd’hui la France métropolitaine souffre, et nous souffrons avec elle. C’est à nous d’enclencher une politique efficace, de réparer les trous de nos filets de pêche, pour ne pas laisser partir inutilement les fruits de notre travail.

 

Il y a les constats et il y a les objectifs :

Les constats

v    1er constat : Toute île est soumise à un circuit économique restreint et il n’y a que l’ouverture sur des marchés extérieurs qui peuvent enrichir ce circuit économique.

 

v    2ème constat : Jusqu’à présent et depuis deux siècles, notre pays s’est construit sur des transfusions financières. Par mimétisme, nous avons reproduit le même schéma au niveau macroéconomique, nous avons nourri notre société de subventions qui ont toujours pesé lourdement dans le budget de la Polynésie française. Mais il y a des acquis auxquels il ne faut pas toucher :

o       Par exemple, les produits nourriciers de la liste PPN : le Tahitien est mangeur de riz, on ne peut pas laisser l’inflation toucher directement cet aliment de base.

 

v    3ème constat : La composition de notre masse salariale est déséquilibrée et elle se complait dans ce déséquilibre : le secteur administratif et le fonctionnariat ne devrait pas être majoritaire. Dans une société d’économie saine, c’est l’entreprise privée qui nourrit l’essentiel de la masse salariale, non pas l’administration. Et le fossé se creuse entre ceux qui en sont à réfléchir sur comment nourrir leurs familles, et ceux qui en sont à réfléchir sur quel nouveau modèle de voiture ou quelle destination de vacances ils vont pouvoir s’offrir.

 

C’est devant ce constat d’interdépendance financière et de crise internationale, que l’on mesure la qualité de notre gouvernement.  Un budget sincère est, certes, une obligation, mais de grandes lignes d’actions pour remettre notre pays dans le bon chemin, c’est cela qui doit nous interpeler aujourd’hui.

 

Et il y a les objectifs

 

Notre gouvernement s’attache à repenser certaines infrastructures, à recadrer leurs missions ; il s’attache à une utilisation des fonds publics adaptée aux besoins.  Devant un secteur administratif dominant, il faut impulser les entreprises privées, il faut développer le secteur industriel qui ne peut être que la véritable source de développement de la masse salariale. A cet effet, l’inflation régulière du SMIG peut peser lourd pour les entrepreneurs polynésiens, nous préconisons un statut quo du SMIG dans le secteur privé, et parallèlement, un gel des postes dans l’administration.

 

Face à la lourde tradition des subventions, il faut généraliser les financements de mécénats dans les domaines de la culture pour permettre à la culture de s’autofinancer à long terme. La culture, pour qu’elle soit vraie, doit être libre. Pour être libre, le mécénat privé doit être encouragé.

 

Oui, j’ose parler de culture en pleine période de crise internationale. Parce que la culture a toujours été le parent pauvre de notre pays, et voyez le résultat : si les touristes veulent du sable blanc et des cocotiers, entre un billet d’avion à 200 000 FCFP et un autre à 50 000 FCFP, à votre avis, quelle destination choisiront-ils, la Jamaique ou Tahiti ? Car je le répète à nouveau, c’est la culture qui fait la différence. La culture libre, l’évènementiel sportif, le développement de l’esprit d’entreprise, de l’esprit d’initiative, ce sont les vecteurs de richesse, une richesse collective et une richesse palpable. Notre pays mérite bien cela.

 

Les temps sont durs, oui, mais rigueur ne veut pas dire morosité : soyons audacieux et valorisons notre environnement. L’environnement est la condition sine qua non du tourisme du 21ème siècle et ce tourisme, il représente aujourd’hui 9% du budget. Ecotaxe, police verte, vivement que notre gouvernement mette en place des mesures radicales qui prendront soin de nos terres, et par conséquent de nos gens. Car ce pays ne nous appartient pas, il appartient à nos enfants.

 

L’écotaxe peut être une source financière, la police verte peut être une source d’emplois. Ces deux mesures peuvent contribuer à une prise de conscience collective de la protection de l’environnement.  

 

L’orientation budgétaire s’appliquera, pour 2009, au traitement des déchets[1], et enfin, la mise en place de nouveaux points d’apports volontaires dans les îles éloignées. C’est un premier pas et c’est le premier pas qui compte. L’intérêt du Contrat de Projet était de rétablir la confiance avec la métropole, ses objectifs étaient de créer des relations de partenariats et de responsabiliser notre pays. Les objectifs de ces orientations budgétaires s’inscrivent également dans la ferme volonté d’une culture du Résultat.

 

2009 sera l’année des défis. C’est à ses sacrifices et à ses priorités que l’on mesurera la qualité de notre gouvernement. Sa priorité sera, pour 2009, de faire prendre à notre pays, le chemin de la responsabilisation et de la rigueur, en attendant des jours meilleurs.

 

Je vous remercie de votre attention.

 



[1] Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI)

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