Culture: Quel avenir pour le Musée Gauguin ?

Publié le par TEMOTEM

Te Mana O te Mau Motu

 

Eléanor PARKER

 

 

Projet de délibération portant approbation du compte financier de l’Etablissement de gestion et d’aménagement de TEVA

 

 

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

         Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

         Mesdames et Messieurs les Ministres,

         Mesdames et Messieurs les Représentants,

         Chers Journalistes, chers Internautes,

            L’établissement de gestion et d’aménagement de TEVA, ou « EGAT », a reçu une subvention de 90 millions CFP, largement insuffisante, selon Adrien Lombard, pour répondre aux travaux de rénovations nécessaires du Musée GAUGUIN et du Jardin Botanique qui sont évalués à 200 millions F CFP.

Dans les futurs projets d’Investissements, il semblerait que le golf d’Atimaono soit priorisé car il est également une source de revenus. On nous dit qu’un parcours de 9 trous a été construit, et bien moi, je pense aux trous qui sont au Musée Gauguin.

            Entre la culture et le golf, le golf est priorisé. Alors, soit ! Nous devons repenser le Musée Gauguin, non pas dans une rénovation de son système électrique mais dans une innovation de son concept.

Ceci, afin que l’argent public ne soit pas perdu dans le trou noir de l’absurde.

Une solution moins coûteuse qu’une rénovation du bâtiment, qui dégagera l’EGAT d’un conflit juridique et financier, qui permettra la conservation du personnel du Musée Gauguin, est possible.

Tout d’abord, je souhaite relever l’incohérence juridique du Musée Gauguin :

 

Le premier point, c’est que reconstruire le Musée Gauguin sans comprendre pourquoi il est dans cet état, aujourd’hui, c’est gaspiller de l’argent public.

Le programme de To Tatou Ai’a garantit sa place à la Culture, je souhaite donc, dans ce cas précis, un changement innovateur qui marquerait la rupture avec la passivité inquiétante des gouvernements antérieurs, vis-à-vis de ce musée.

Le deuxième point, c’est que le Musée Gauguin, à ce jour, n’est affecté nulle part. Ou plutôt son affectation est objet de nombreuses controverses : un arrêté d’affectation du Motu Ovini a été fait à l’EGAT ; cet arrêté précise bien les modalités du Jardin Botanique mais il demeure flou au sujet du Musée Gauguin. Certains pensent que le foncier du Musée Gauguin revient à la direction des affaires foncières, qu’il y a là l’existence d’un vide juridique, véritable cause du délaissement de ce Musée. Il n’existe aucun responsable officiel du Musée. Le Directeur de l’EGAT est responsable du personnel, non pas du Musée.

            Le troisième point, c’est qu’un dossier « plan de sauvetage » du Musée Gauguin avait été soumis à d’anciens Ministres de la Culture, qui l’ont mis de côté. Pourtant le Musée n’est pas une simple boîte à folklore pour attirer les touristes. Est-ce qu’un Musée peut se gérer de la même façon que l’on gère le golf d’Atimaono ou le Jardin Botanique ?

Qu’est-ce qui manque au Musée Gauguin, que le Musée de Tahiti a ? Tout simplement un directeur, une tutelle du Ministère de la Culture et un véritable statut juridique. Bref, ce Musée Gauguin n’a de « Musée » que le nom.

            La solution est au Musée de Tahiti et des Iles qui pourrait couvrir sous son aile ce qui reste de cet établissement culturel, délaissé depuis des années. Une fusion- innovation avec un recadrage des missions, permettrait de conserver le personnel et déchargerait l’EGAT financièrement.

      

Dans le meilleur des Mondes mais aussi dans le plus logique des Mondes, les Musées sont, habituellement, sous la tutelle du Ministère de la Culture. Et comme nous le constatons par la simple attribution de ce compte financier à la Commission de l’Aménagement, ce n’est pas le cas.

            Une fois le Musée Gauguin, sous la tutelle du Ministère de la Culture, il devrait être affecté au Musée de Tahiti et des Iles.

            La deuxième étape consisterait donc à confier les biens immobiliers et le personnel au Musée de Tahiti et des Iles qui aurait pour mission de redéployer ce personnel et de recadrer de nouveaux objectifs en proposant un nouveau concept muséographique.

            Ce concept muséographique pourrait inclure la couverture de l’Art Contemporain, par exemple. Parce que l’Art de Paul Gauguin ne se fige pas à de simples regards que l’on retrouve sur des cartes postales. Mais cet art incarne aussi des émotions qui filtrent nos artistes polynésiens contemporains. La Culture n’est pas une boîte à folklore, elle mérite notre attention et c’est la raison pour laquelle j’ai tenu à mettre en exergue la situation du Musée Gauguin, qui a fait l’objet de discussion et de question lors de la commission de l’Aménagement.

            J’irais même plus loin en laissant suggérer que l’artiste Paul Gauguin fut imprégné des îles Marquises et que la logique aurait voulu qu’un Musée de ce nom soit localisé aux Marquises, comme le proposait hier notre Président de l’Assemblée, Monsieur Oscar Temaru.

            Mais à mon humble avis, si le préambule de l’EGAT pour le compte financier 2006 indique que les objectifs de cet Etablissement est de, je cite, « mettre en valeur le patrimoine dont il a la charge et d’y effectuer les travaux nécessaires à la réalisation des options d’aménagements », alors il est incontestable que le directeur de l’EGAT pourra, dans la mesure du possible, faire entretenir le Jardin Botanique ou entretenir le golf d’Atimaono, mais il n’est pas du ressort du Directeur de l’EGAT de pallier à un déficit d’innovation culturelle qui perdure depuis trop longtemps, entre les murs du pauvre Musée Gauguin.

Je conclurai en insistant sur la fibre artistique qui sommeille en chacun de nos ministres, de nos responsables politiques qui doivent peser l’importance de ce dossier. La fibre artistique est le cœur de notre Culture, vivante et trop délaissée par le passé.

Et je terminerai sur une demande chargée d’espoir en vous disant que c’est pour tout ce personnel qui souhaite un changement de statut, pour l’avenir de nos enfants, pour le rayonnement de notre pays, pour l’épanouissement de notre société, que les pouvoirs politiques doivent aujourd’hui agir et faire revivre ce musée inanimé.

 

Je vous remercie de votre attention.

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