Moratoire sur l'ITR

Publié le par TEMOTEM

Nous avons marché jeudi dernier, pourquoi ?
Pour une réforme concoctée en métropole, suite à l’avant dernier rapport préparé par monsieur Copé en novembre 2006, un rapport qui a été établi par 3 administrateurs qui n’ont jamais mis les pieds en Polynésie française.

Le 13 mars 2007, monsieur BRARD a déposé son rapport à l’assemblée nationale, dans lequel il parlait de créer un observatoire des prix avant d’entamer toute réforme sur l’ITR, mais les parlementaires métropolitains n’ont jamais considéré cette éventualité.

Cette indemnité « vie chère » fait partie de la pension outremer depuis 1952 ; on nous dit aujourd’hui que l’Etat n’a plus d’argent : mais la Polynésie française n’a plus d’argent non plus, alors que faisons-nous ?

Nous constatons, d’abord.

Nous constatons que monsieur le Ministre de l’Outremer ne connaît pas la différence de la cherté de vie dans les outremers, de la Réunion à la Polynésie française, la vie est différemment chère. Pourtant cette réforme gomme nos différences îliennes : Dès 2009, l’Indemnité temporaire de Retraite sera plafonnée à 8000 euros par an pour les futurs retraités ; nous constatons que la diversité de l’outre mer n’apparaît pas du tout pour les actifs qui partent à la retraite après le premier janvier 2009, et cette diversité, qui l’a instauré ?

Ces un million de francs CP mentionnés par le ministre lors du journal télévisé correspondent en fait à 79554 par mois, dans une pension mensuelle de 888 euros par mois, soit l’équivalent de 107000 fcfp, soit inférieure au SMIG. Peut-on là, parler de haut revenu avec 107 000 FCFP par mois ?!

Nous constatons qu’il n’y a eu aucune concertation et que l’impact économique sera énorme. Ces fonctionnaires retraités sont aussi créateurs d’emplois, de la femme de ménage au jardinier, qui paiera la conséquence d’une telle réforme ? Toutes les activités annexes seront réduites, la baisse de consommation entraînera forcément une baisse d’activité. Ne parlons pas des conséquences sur l’immobilier, comment allons-nous nous adapter à une perte de revenu globale ? En plus de ça, dans deux ans, 1500 foyers disparaitront avec les départs des militaires. Rien de tel pour miner définitivement notre économie.

Nous constatons que cette réforme nous tombe dessus comme un couperet, sans période d’adaptation, sans transition possible. Avons-nous, Polynésiens, les mains liées que nous ne puissions rien faire aujourd’hui pour défendre des acquis que nous n’avons jamais demandé dans le passé ? Parce que dans notre histoire économique, nous avons subi cette cherté de vie exceptionnelle et spécifique qui n’a absolument rien à voir avec les autres communautés îliennes francophones.

On prend des terres et ensuite, on les revend. On nous donne des acquis et ensuite on les reprend. Que se passe-t-il exactement ? Allons-nous rester passifs ? Je suis une femme politique, autonomiste, qui a soutenu le gouvernement de monsieur Sarkozy, qui a soutenu l’élection des députés polynésiens actuellement en cours de mandat, et je considère que cette réforme arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle est justifiée en stigmatisant les Polynésiens, en les montant les uns contre les autres. Oui, les fonctionnaires ont une prime « vie chère », mais pour une fois enfin, que le gouvernement central écoute la Polynésie française.

Qu’on tienne compte de NOTRE spécificité, qu’on nous entende enfin : Nous avons marché, jeudi dernier, ensemble. Parce que nous aimons tous notre pays et nous voulons défendre ses intérêts, mais aussi et surtout, nous sommes en droit de contrôler notre histoire économique, de contrôler notre destin.

Nous disons oui, au moratoire, en attendant d’être entendus : car être écoutés ne suffit pas, il faut être aussi compris. Nous devons nous faire entendre en métropole, quitte à nous déplacer, quitte à médiatiser nos exigences.

Cette réforme ne sera acceptée que lorsqu’elle prendra en considération nos spécificités et qu’elle aura pris en compte les impacts économiques qui en découleront.

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