Michel YIP: Sur l'Institut de la Consommation en Polynésie française

Publié le par TEMOTEM

TE MANA O TE MAU MOTU

M. Michel YIP

 

 

Projet de délibération portant approbation du compte financier de l’Exercice 2006 et affectation du résultat de l’Institut de la Consommation

 

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

Monsieur le Président du gouvernement de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Représentants,

Chers Journalistes, chers Internautes, 

L’Institut de la Consommation semble avoir concrétisé ses objectifs 2006 en instaurant une politique de proximité  et un dialogue entre les différents acteurs de notre société, que ce soient les associations ou les établissements publics.

Les interventions médiatiques de l’Institut de la Consommation sont multiples, autant télévisuelles que radiophoniques, sans compter les déplacements dans les Archipels, sans exception. La compétence et les services rendus par l’Institut de la Consommation ne sont pas à démontrer, ils semblent évidents. L’intérêt d’un tel organisme est la communion entre consommateurs et professionnels.

Si nous avons pu avoir accès à une synthèse du comportement des consommateurs, je me pose la question de savoir si le Polynésien, lui, se sent à l’aise dans la consommation de masse. Ce rapport souligne les nombreuses insatisfactions des consommateurs qui ne sont pas toujours au fait de leurs droits. Les missions de l’Institut de la Consommation dans le domaine de l’information sont donc en cheminement et cet organisme doit poursuivre sa politique de proximité : certes, le site Internet est très complet mais on constate qu’il attire plus de visiteurs métropolitains que de visiteurs polynésiens. Nous encourageons donc à une vulgarisation des tableaux comparatifs des prix, afin que toutes les couches sociales puissent maîtriser leur pouvoir d’achat.

Toujours dans cette optique de la Culture du résultat, la coordination des organismes impliqués comme l’EPAP et Te Tia Ara, nous paraît essentielle : sinon ce serait un coup d’épée dans l’eau. Le compte financier 2006 reflète cette coopération. L’étude sur le comportement consommateur des Polynésiens semble coûteuse avec ces 18 millions de F CFP provenant de l’EPAP, mais cela s’explique sans doute par la volonté d’intégrer les habitants des Archipels dans l’échantillon des 1000 ménages consommateurs sélectionnés, ce qui inclut des frais de déplacement, entre autres.

Nous le savions, les tentations ne sont forcément pas les mêmes à Papeete qu’à Takaroa. Par exemple, 43% des foyers dans les îles ont déclaré n’avoir aucune activité culturelle contre 34% en zone urbaine.

Cependant, nous avons remarqué que cette étude a mis en relief la méfiance des consommateurs des îles à l’égard des prix affichés dans les commerces, notamment au sujet des produits PPN. En envoyant des agents dans les îles, l’Institut de la Consommation a souhaité renforcer sa relation de proximité avec ces consommateurs éloignés.

Face à ce constat d’écarts des prix des PPN, l’Institut de la Consommation, en partenariat avec certaines mairies des îles, a fait déplacer des agents qui sont allés à la rencontre des consommateurs pendant 3 jours. Cette information a été annoncée sur certaines ondes radio. Sur la même période, un agent relevait les prix des PPN en magasins.

La directrice de l’Institut de la Consommation nous a indiqué que ces données, relevées en 2007, sont actuellement exploitées en interne et communiquées aux Affaires Economiques. Et lorsqu’il existe des écarts trop importants dans les prix des PPN, les commerces sont, en quelque sorte, rappelés à l’ordre. C’est une démarche fort intéressante car l’Institut de la Consommation informe à la fois consommateurs et professionnels, tout en représentant une interface avec le Service des Affaires Economiques.

L’Institut de la Consommation permet, ainsi, des repaires socio-économiques, elle dévoile aussi une réalité autre que ce que nous pourrions attendre aujourd’hui.

Plus précisément, nous constatons que le fait de ne pas s’acheter un médicament parce qu’il est trop cher ou de vivre dans un logement vétuste, n’empêche pas pour autant de contracter un prêt pour s’acheter une voiture.

Une rééducation comportementale face aux produits de consommations est nécessaire : si le Polynésien identifie la voiture comme un besoin plus vital que sa propre santé ou que son logement, alors nous sommes véritablement dans une situation d’aliénation de la consommation de masse.

La situation des Archipels est clairement différente. 13% des Polynésiens ont recours au troc ou à l’échange pour acquérir des produits et service de consommation, dont la nourriture ; l’autoproduction alimente ce courant d’échanges et 7% des ménages déclarent obtenir certains produits par don ou par autoproduction. Ces statistiques, évidemment, reflètent que les trois quart de la population des îles sont agriculteurs, et dans le cas de la pratique du troc, il est surtout lié à l’activité de coprah culture et des échanges faits lors des arrivées de bateaux.  

Par ailleurs, si nos habitants ont un comportement patriotique et préfèrent acheter local, 58% pensent que les produits locaux sont trop chers. Plutôt que d’aller chez le docteur, 15% préfèrent attendre que le mal passe et 8% préfèrent les soins traditionnels du Tahu’a. Je m’inquiète tout de même de lire que 21% des ménages ont renoncé à un soin médical par manque de moyens financiers.

Nous parlons souvent de la Culture du Résultat, nous avons ici un exemple concret.

Les résultats de ce travail, initié par l’association Te Tia Ara, ont été transmis à toutes les parties concernées. Qu’en est-il, véritablement, aujourd’hui ?

A l’image de ces contradictions, l’Institut de la Consommation fait, elle aussi, le grand écart entre une politique de proximité, car ses agents sont sur le terrain, ils ont un contact régulier avec les consommateurs,

et une diffusion des informations un peu moins accessibles au grand public. Je pense particulièrement au site internet qui est conçu prioritairement pour les besoins des Polynésiens mais qui est visité majoritairement par des Métropolitains.

L’Institut de la Consommation n’est pas uniquement un panneau d’affichage des prix, c’est aussi une interface entre consommateurs et professionnels, qui permet indirectement de réguler certains comportements, si des mesures de sensibilisations sont prises le plus rapidement possible.

D’où l’importance d’être au goût du jour, l’importance de la communication.

C’est pour tous ces efforts passés et à développer que nous approuvons ce compte financier et que nous souhaitons avoir, dans des délais raisonnables, le compte financier 2007 et des informations concrètes sur les politiques à venir de l’Institut de la Consommation.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

 

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