Intervention relative au projet de modification n°3 du budget général de la Polynésie française.

Publié le par TEMOTEM

 

 

Intervention relative au projet de modification n°3

du budget général de la Polynésie française.

(Séance du 27 octobre 2011)

 

 

 

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Mme Liliane MAIROTO

 

 

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

Monsieur le sénateur de la Polynésie française,

Monsieur le président de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les représentants,

Mesdames, Messieurs,

 

 

D’abord une première remarque sur le document qui nous a été transmis. Son objectif est de permettre un débat démocratique sur les enjeux du budget à venir. Cependant, ce débat ne peut avoir lieu si le document est un rapport technique fait pour d es techniciens. Là, visiblement, il y en a, particulièrement en début de document, qui ont oublié cette évidence.

 

 

Une deuxième remarque, ou plutôt une suggestion sur la durée du débat qui devrait, à l’avenir et compte tenu de ses enjeux, je pense durer toute une journée.

 

 

Fort heureusement certains ont profité des précieux éclairages donnés à l’occasion de la formation organisée par l’Assemblée sous la direction de  Jean Paul Barral et d’Armelle Merceron avec la coopération d’un certain nombre d’agents administratif. Je leur adresse, au nom de tous, nos plus vifs remerciements et  j’invite les absents à profiter de la prochaine session.

 

 

Maintenant, sur le fond. Il s’agit de  dessiner des orientations politiques et budgétaires au sein d’un tableau économique et social franchement sombre. Economie mondiale et locale, finances publiques, climat social. Presque tous les voyants sont au rouge.

 

 

Mais le plus inquiétant finalement est que la situation ne cesse de s’assombrir et que pour l’essentiel aucune des mesures de relance économique mises en place par les différents gouvernements n’ont permis de faire repartir la machine.

 

 

Cela veut dire que le problème est plus profond, qu’il est structurel et que ce n’est pas par des actions conjoncturelles qu’on y arrivera. En effet,  on sait maintenant que nos problèmes remontent à 2001 mais que l’argent de l’Etat a permis de faire illusion. Nos problèmes ont été accentués par la crise économique mondiale et institutionnelle locale mais ils étaient déjà là avant.

 

 

Il ne suffira pas donc de baisser les dépenses publiques. Cela ne suffira pas. D’ailleurs on sait qu’une réduction trop rapide et trop importante de la dépense publique conduit à aggraver la crise. En effet, moins de dépenses publiques c’est aussi moins d’argent injecté dans l’économie. Ainsi la réduction de nos dépenses publiques conjuguées avec celle de l’Etat a certainement contribué à aggraver notre situation.

 

 

Je ne crois pas plus à un redémarrage de l’économie par l’investissement public massif. Je ne dis pas que le pays doit cesser d’investir mais il devrait le faire avec plus de mesure tout en pariant sur l’avenir. Nos enfants, les primo votant de 2013, n’auront rien vécu de la période faste qui s’achève. Il faut parier et investir sur eux, sur la recherche et le développement de nouvelles ressources et que l’on cesse de penser que nous n’en avons aucune. Et puis à ce rythme d’endettement le pays s’essouffle et bientôt il sera dans l’impossibilité de faire face à ses engagements.

 

 

La ressource pour moi elle est dans les 40 milliards de placement à court terme des entreprises, elle est dans les 166 milliards de placement identiques des ménages, elle est dans les presque 15 milliards logés en Plan épargne logement.

 

 

Mais même en réussissant à faire activer ce levier, il ne faut pas espérer un redressement rapide de notre situation car la voie de la réforme sera longue et semée de résistance.

 

 

Mais la population est écœurée et en a assez de l’injustice sociale qui a cours dans notre pays. C’est notre devoir d’organiser une plus grande justice sociale en compensant les inégalités de conditions. La seule solution, car il n’y en a pas des milliers, est de faire comprendre à ceux qui tirent leur épingle du jeu que c’est aussi dans leur intérêt qu’une meilleure solidarité soit mise en œuvre.

 

 

Notre société bien que très solidaire à l’échelle individuelle et familiale est aussi particulièrement injuste, « unfair » dirait le Président, à l’échelle du Pays. Elle valorise les égoïsmes, les corporatismes et  les lobbies en mettant de coté le bien être et la richesse collective.

 

 

Nous ne sommes pas les seuls à être confrontés à cette situation. Tous les pays développés ou en développement ont dû et doivent encore faire face au problème de la répartition des richesses issu de la croissance économique.

 

 

L’actuel contrat social a, pour ainsi dire, été emprunté à celui de la France et a été fortement influencé par le « rush » de la période des essais nucléaires. Mais aujourd’hui que nous sommes autonomes et que s’éloigne cette période, il ne nous est pas interdit de réfléchir  à un modèle qui soit en adéquation avec nos intérêts propres reconnus par la Constitution. Rien ne nous oblige à reproduire les schémas métropolitains. Peut être devrions nous être un peu plus inventif et nous affranchir du modèle actuel. Je ne parle pas de la relation avec la France mais de notre « le vivre ensemble polynésien ».C’est la responsabilité de toutes les forces vives du Pays et pas seulement celle des élus.

 

 

La société civile au travers des Etats généraux a fait sa part du travail, une représentation plus politique doit prendre le relais. Mais en réalité personne n’a la recette. Ceci dit une tentative est actuellement initiée au sein de l’Assemblée. J’espère qu’elle ira à son terme.

 

 

C’est également la raison pour laquelle je pense que c’est très bien que ce DOB ait mis en avant la nécessité d’élaborer un plan de développement économique et social ainsi qu’un schéma d’aménagement général. Je pense également que c’est très courageux d’avoir mis en parallèle de cette planification la réforme de la fiscalité ainsi que la refonte du service public. L’avenir de notre pays se jouera dans ces quatre chantiers.

 

 

C’est à l’occasion de ces rendez vous que notre population pourra mesurer notre capacité à inscrire notre société dans des perspectives nouvelles qui par les changements qu’elles impliquent et les résistances qui s’exprimeront seront la marque d’un grand courage politique.

 

 

 

Je vous remercie

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